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kaou · VIP

15-08-11 11:28:26

14-07-11 · 1 297

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Universal Techno [1996]



Documentaire de Dominique Deluze - 60'

Production: Les Films à Lou - La Sept/ARTE - 1996

Cette vidéo de 50 minutes a été diffusée en 1996 sur Arte dans le cadre d'une soirée Thema en compagnie de 3 autres reportages

Née il y a dix ans, la techno a conquis le monde et est devenue la bande-son d'une nouvelle génération. Elle crée de nouveaux rapports entre le musicien et ses machines, l'individu et le groupe, le local et le global. Ce film part aux quatres coins du monde, à la rencontre de ses créateurs: Sven Väth, Juan Atkins, Kevin Saunderson, Derrick May, LFO, Underworld, Ken Ishii... Cap sur Détroit, Berlin, Tokyo, Barcelone, Sheffield, Londres. Rétrospective du début de l'ère tekno

Dernière modification par kaou (02-02-12 18:58:42)

kaou · VIP

02-02-12 18:59:59

14-07-11 · 1 297

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Un seul lien au lieu de 4, c'est mieux, merci Gaet11 pour le lien wink

Nevrakse · Moderateur

02-02-12 20:21:07

16-10-11 · 4 285

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Très bon reportage,que j'avais déja vu,et que je recommande,merci smile

lapin · Administrateur

07-11-22 08:26:26

11-07-11 · 13 872

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Aux origines de la « tribu techno »



Publié le 20 octobre 1996


LA dernière fois que la musique techno a fait la « une » des journaux, c'était au mois de juillet. Trois cent vingt gendarmes avaient fait irruption dans une « rave party » dans le Médoc, afin d'y « constater des infractions relatives aux stupéfiants » (Le Monde daté 9 juillet 1996). La pêche ne fut pas bien grosse. La consommation de drogue et notamment d'ecstasy reste le principal grief formulé par les autorités et par le grand public à l'encontre de ces rassemblements musicaux, souvent gigantesques. On en oublie trop vite la dimension simplement festive, voire même culturelle de ces manifestations. Pour la première de « Kiss the Future », une série de cinq « Thema » consacrées aux tribus des années 90, Arte s'intéresse à la techno. Suivront la mode de rue, le surf, le heavy metal et la révolution Internet (successivement, le 29 octobre et les 5, 12 et 19 novembre).

En donnant avant tout la parole à ses initiateurs, des DJ (disc-jockeys) qui en expriment les fondements historiques, « Universal techno », documentaire signé Dominique Deluze et produit par Les Films à Lou, ouvre cette Thema qui se poursuivra avec Psychedelic Trance, Teuf et Exodus (l'ensemble des soirées pourra être suivi sur Internet : www. arte-tv. com).

L'histoire nous dit que la techno est née à Detroit (ville à majorité noire) à la fin des années 70, au moment où la capitale de l'industrie automobile américaine affronte la concurrence du Japon et de l'Europe et entre dans une période de paupérisation que rien ne semble pouvoir arrêter. Juan Atkins, considéré comme le père de ce genre musical qui mêle pulsation rythmique et citations sonores (« faire de la musique avec de la musique »), a un regard à la fois lucide et chaleureux sur cette ville fantôme qu'il ne peut se résoudre à quitter : « Detroit est un Titanic hors de l'eau. L'industrie a dû mourir pour laisser place à la technologie. Détroit a été la première à connaître la révolution technologique. Cela affecte tous ses habitants... » Et tous ses créateurs. Il a tout juste dix-sept ans, en 1979, quand il réalise son premier disque. Il n'imaginait pas que cette galette de vinyle voyagerait aussi loin. Pour Derrick May, autre forte personnalité de la scène de Detroit, « nous sommes nés dans un environnement industriel où la machine était reine. Et, inconsciemment, c'est à partir de lui que nous avons créé notre propre environnement musical ». « Les Allemands de Kraftwerk, groupe de la seconde moitié des années 70, ont été notre grande référence », reconnaît Kevin Saunderson (7 millions de disques vendus à ce jour). Ils ont été les premiers à abandonner les postures conventionnelles du rock et à recourir à l'électronique. Les DJ de Detroit tritureront à outrance les rythmes en manipulant platines, tourne-disques, curseurs et potentiomètres.

Côté européen (à Sheffield, Barcelone ou Berlin), le phénomène revêt un caractère différent et sa légitimation historique prend à la fois les formes d'un hommage ambigu à Detroit (Sven Vath, DJ allemand, reconnaît avoir été « inspiré par les vieilles influences romantiques » de la ville du Michigan) et tout autant animé d'une volonté d'émancipation. Est-ce par un juste retour des choses que Berlin où, chaque année, un million de danseurs viennent participer à la Love Parade règne aujourd'hui sur l'univers de la techno ? Blake Baxter, DJ américain et Berlinois d'adoption, ne cache pas son amertume : « S'il est vrai que l'échantillonnage (sampling) a toujours été à la base de notre travail à Detroit, on composait notre musique honnêtement, sans arrière-pensée. L'Allemagne d'aujourd'hui dispose de moyens de production et de diffusion que nous n'avions pas alors et ne se prive pas de s'approprier la genèse de la techno. »

Ennemis héréditaires des pères fondateurs Mad Mike Banks, membre du groupe Underground Resistance, n'accepte d'apparaître à l'écran que masqué , les mécanismes du star-system et du marketing s'introduisent peu à peu dans les rouages de la techno. Du côté de Tokyo, la plus rassurante des explications nous est donnée par Ken Ishii, autre star universelle des platines : « L'histoire de la techno ressemble à celle d'Internet. Chacun peut composer seul et à l'infini des musiques qui se morcellent toujours en genres différents, selon la personnalité de chaque compositeur qui se les accapare. Le monde entier va être rempli de musiques diverses, personnelles et morcellées, qui en inspireront toujours davantage... » Machines célibataires, robots ou culture du sampling ? Dans son manifeste L'Art des bruits, Luigi Russolo, à qui il arrivait parfois de diriger des orchestres de sirènes d'usines, rêvait d'une « évolution de la musique parallèle à la multiplication grandissante des machines ». Nous étions alors en... 1913.



Source : Le Monde