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lapin · Administrateur

29-11-12 00:06:32

11-07-11 · 13 880

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Soirées clandestines : la nuit parisienne remonte en selle 



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Restrictions anti nuisances, fermetures de clubs en série, amendes corsées : si les coups de boutoir de l'autorité annonçaient une mort en silence de la nuit parisienne, l'éclate contre-attaque à coup de soirées clandestines sans limites. Reportage dans des catacombes ou dans une ancienne boucherie chevaline, là où la fête parisienne renaît secrètement et où analystes financiers et travestis s’enivrent sans complexe et sans soutien-gorge.



Recroquevillé dans un coin, David dessine la foule encerclant les platines de Guido Minisky, DJ phare de la scène parisienne. Sur son petit carnet, les ombres des danseurs en transe prennent vie et lèvent le poing. Cet habitué des squats ne sort son crayon que dans « ce genre d’ambiances ». Celles où l’on peut s’éclater à l’aise, sans craindre d’en griller une ou de dépenser l’argent des prochains loyers en boissons. Ce vendredi 28 septembre, c'est dans les entrepôts d’une ancienne boucherie chevaline du 15ème arrondissement de Paris que les fêtards se sont donnés rendez-vous pour s'en coller une bonne. A l'intérieur, des néons violets, bleus et verts illuminent des murs décrépis contre lesquels s’embrassent avec fougue quelques couples avinés. Les carcasses de viande congelées pendouillant autrefois au plafond ont laissé place à plusieurs centaines de personnes informées de la soirée par Facebook ou par SMS. Entre les mini pin-up trash hystériques en « pum-pum » short, les étudiants ébouriffés au regard halluciné et l’excentrique en chapeau haut-de-forme, ça se bouscule pour rentrer. A tel point qu’une cage en fer et un canapé défoncé servent de rempart aux organisateurs dépassés. Après s’être acquitté des 5 euros de droits d’entrée et des 3 euros d’adhésion au club, le flot d’arrivants peut enfin lâcher la pression et se jeter dans les effluves de bédos et les giclures de bières.



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L'air commence à manquer




« Paris est une ville trop chère, pour tout le monde. Nous, on revendique la possibilité de faire la fête gratuitement et différemment, explique Marjorie, membre du Mont C, le collectif organisateur de la soirée.Et le côté illégal t'apporte des droits que tu n'as plus à Paris et qu'on a envie de reprendre. Ne pas fermer à deux heures. Fumer à l'intérieur si tu as envie. Faire la fête, pour de vrai ». Créé il y a plus de deux ans autour du OXIII, squat de la rue d'Enghien, Le Mont C s'était signalé en février dernier par l'organisation d'une soirée dans les catacombes digne des free party des grandes années. Lampes frontales et bottes en caoutchouc recommandées, bières à un euro et sound system surpuissant, qui ne s'arrête que pour laisser le DJ avertir que « les briquets ne s'allument plus, l'air commence à manquer ». Dix minutes d'aération dans les galeries latérales et une fête jusqu'à 5h du matin, heure de sortie sur la place d'Italie sous les yeux de policiers médusés. Si la teuf est sous-terre et l'esprit « underground », les organisateurs de la soirée, eux, n'ont rien à voir avec les punks à chiens. « Il y a des gens qui travaillent dans la com, des chômeurs, des gays, un mécano et même une étudiante en biologie qui est notre électricienne. On vit en squat, parce que les loyers sont trop chers, mais on est tous pro-actifs », énumère Marjorie, elle-même DRH le jour. Tous donnent énormément de temps [voir encadré, ci-dessous], et parfois d'argent, pour refuser la « mort en silence de la nuit parisienne » que dénonçait déjà en 2009 une pétition signée par plus de 16 000 personnes. Lancé par Technopol, Plaqué O et My Electro Kitchen, ce cri du cœur dénonçait les pressions subies par les lieux culturels dans la gestion des problèmes de nuisance et s'inquiétait de la relégation de la Ville Lumière au rang de capitale européenne du sommeil.

« Proposer ce type d'alternative est un investissement personnel énorme, reprend Marjorie. Mais c'est aussi beaucoup de satisfaction. Dans nos soirées sont passées ARK et 69 DB, deux grands noms de la techno et de la minimale et même Tricky de Massive Attack ! » Attablé derrière les fûts de bière dans l’une des 4 pièces du bâtiment, Rudolph, ancien artisan vitrailliste et barman bénévole, a lui passé plusieurs jours à aménager l'ancienne boucherie qui sert de piste de danse ce soir. La règle, c’est la débrouille raconte celui qui a fermé la grille d’entrée donnant sur la rue en installant des panneaux en plexiglas. « Ce qu’on fait ici c’est créer un nouvel espace citoyen. On ouvre un autre circuit de diffusion de la culture en invitant des DJ's électro ou même en lançant des soirées salsa avec des groupes mexicains. »

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Petits bourgeois et mauvais garçons




Ce vendredi, arrivé de tous les horizons pour prendre d'assaut le Pony Club, le public adhère au concept. « Les petits bourgeois aiment venir ici pour jouer aux mauvais garçons », analyse Adrien, un ami du collectif, sourire en coin. Dans les catacombes comme dans la boucherie, ceux qui ont oublié d'enlever leurs costards pour venir apprécient surtout la possibilité de pouvoir s’échapper pour quelques heures d'un quotidien aliénant. « Nous avons besoin de sortir de notre univers et de rencontrer des gens différents », plaident Farrez et Fanny, tous deux dans la finance. « C’est un phénomène très présent dans notre génération, on n'a pas forcément choisi nos études alors, ici, on se rattrape », résume Tanguy, un grand roux frêle qui avoue un peu gêné être en école de commerce. Habitué des clubs VIP, Pierre pose les pieds pour la première fois dans un squat. Une fois passée l’excitation de la première cigarette « illégale » - en intérieur, sans se les geler -, il s’enthousiasme : « les gens ont une attitude différente ici, on se sent plus à l’aise, j’ai bien fait de ne pas sortir la petite chemise. » L’ambiance est effectivement conviviale, ça discute, les gens s’accostent, rient et échangent. Dans l’interminable queue pour accéder aux toilettes, se trame même une révolution : une grande brune à l’accent un peu bourgeois a décidé d’interdire aux garçons l’accès aux pissotières. « Nous n’avons qu’un toilette nous les filles, alors ils vont attendre comme nous », tente-t-elle avant d’être renversée de force par un groupe d’hommes à la vessie pleine. Au milieu de tout ce beau monde, Madonna, un travesti de 50 ans, raconte avec des gestes saccadés son quotidien de prostitué. De la Défense au trottoir, tous se sont donné rendez-vous au Poney Club pour faire la fête autrement.

« On dirait Berlin », s’écrit une jeune Sud-coréenne élégante tout droit sortie d’un film de Wong Kar-Wai. Même si la folie du Berghain et autres club berlinois est encore loin, il est vrai que la coke commence à monter dans les cerveaux au rythme des beats électro et que la «MD» est devenue une denrée précieuse, recherchée avec avidité. Malgré quelques exubérants s’affichant avec un bonnet à antenne ou des bindis sur le front, la capitale a encore du chemin à faire pour redevenir la ville lumière qu'elle a un jour été. Alors, comme une dernière incitation à lâcher prise, Le Mont C a posé un écriteau derrière le bar, offrant une bière aux filles prêtes à « faire sauter le haut ». Paris n'attend que ça.



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« Sous terre, on est plus libres »



La précédente soirée du Mont C avait également été une belle réussite. Échange à une touche de balle avec Dorian - membre du collectif des 442, coorganisateur de la fête - qui explique comment se met au point une soirée pour 500 personnes dans les catacombes, à 25 mètres sous terre.


Organiser une soirée dans les catacombes, ça demande quoi comme logistique ?

Il a déjà fallu ramener 1,6 tonne de matos son et lumière dans la salle, en pleine nuit, par un puits de vingt mètres, à la force de nos petites mains. On a tout préparé la veille de la fête et on a dormi sur place. Hamac – duvet, ça le fait bien. Et le lendemain, rebelote pour tout remonter, plus une vingtaine de sacs poubelles de cent litres. Le tout sans se faire choper par les flics, pour que la fête ne soit pas compromise.


Vous faites comment pour être discrets en descendant une tonne de matériel ?

On s'habille en ouvriers, avec combis, casques, etc. Et surtout on essaye de ne pas paraître suspect si les flics passent. Et s'ils s’arrêtent on prétexte un tournage bidon pour l'EMP [École des mines de Paris, NDLR] ou un nettoyage des carrières par un club spéleo. Il suffit de trouver une histoire assez grosse pour qu'ils nous laissent tranquilles. L'année dernière, pour une soirée, on est allé ouvrir un accès à la disqueuse à 3h du matin et on a fait 17h de garde à vue. On a perdu un temps fou avec leur connerie, mais la fête a eu lieu !


Qu'est-ce que vous dit la police dans ces cas là, de ne pas faire la fête ?

Ils nous demandent d'abord si nous avons des autorisations. Si le bluff ne marche pas, alors en général ils nous demandent de rentrer chez nous gentiment. Ce qui ne nous a jamais empêché de revenir 30 minutes plus tard pour finir le boulot. Mais en 2010, pendant une fête dans les catacombes pour Halloween, la brigade sportive de Vincennes [la seule à être autorisée à intervenir, NDLR], a été appelée, alors qu'il y avait 600 personnes en dessous. Ils sont descendus à 8 et n'ont absolument rien fait. Que veux tu faire, couper le son et déclencher une panique générale ? Du coup, ils attendent que les gens remontent et verbalisent. 60 euros par personne, ça fait une somme sympa.


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Qu'est-ce que vous faites s'il y a un incident grave en dessous ?

Si vraiment il y a une couille, en cinq minutes on peut être dehors pour appeler les pompiers. Cela dit, jusqu'à présent, il n'y a jamais eu rien de grave pendant une fête. Par contre, il m'est arrivé d'être face à des accidents sous-terre. Des trucs moches. J'ai déjà été au commissariat, sans nouvelle de mon pote parti en neurochirurgie à Cochin après s'être pris sur le crâne un bloc de béton tombé de 10 mètres. D'ailleurs, c’était le régisseur lumière à la dernière soirée. Comme quoi, il est résistant.



Les catacombes, c'est quand même un endroit bizarre pour organiser une soirée...

C'est surtout un espace de liberté totale, qui s’agrandit sans cesse à coups de marteaux piqueurs. Que ce soit pour la fête, pour le frisson de la découverte, ou l’adrénaline de la connerie, on se retrouve tous là-dessous et on aime ça. Ne pas claquer 9 euros pour une bière à moitié remplie d'eau, ça aide aussi. Tout le monde est vite arraché dans ces fêtes, il faut bien l'avouer. Du coup, on oublie ses petits codes vestimentaires et fashion de d'habitude. Sous-terre, on est plus libres. De toute façon, on est tous dans la même merde et on ressort tous crados !





Tous propos recueillis par PH, sauf Marjorie et Dorian par PB. Photos : BC pour TheGround.fr

fanch sinatra · Membre +

29-11-12 19:22:27

20-08-12 · 746

  10 

Oh ! J'hallucine d'avoir râté la Pony Club de septembre ! Qqn sait où trouver un report de base sur ce qui avait l'air d'être un ******* de soirée ?
++++

Mieux vaut mourir que de ne plus vivre