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lapin · Administrateur

29-03-13 22:32:52

11-07-11 · 13 874

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Borondo, le poète des rues et ses fantômes



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Si vous faites un tour du côté de la gare d’Austerlitz à Paris, ou descendez dans les catacombes, vous pourriez bien tomber sur une œuvre murale encore fraîche signée « Borondo » – roulez le R, car le street-artiste est espagnol.




C’est son premier séjour à Paris. Il a fait le voyage pour exposer quelques-unes de ses œuvres à la galerie Itinérance, dans le XIIIe arrondissement. 23 ans, les yeux sombres, de multiples piercings, une coupe de cheveux qui rend hommage au mouvement punk : le jeune homme correspond parfaitement au qualificatif « roots ».

Son nom ne vous dit certainement rien. Sa signature commence pourtant à faire son chemin dans sa ville natale, Madrid, et à Rome aussi, où il a fait son Erasmus l’année dernière.

« Glass scratching »



Une renommée grandissante amplement méritée : la qualité de ses œuvres est indéniable et, à l’instar de son homologue lusitanien Vhils, il participe à la réinvention du street art. Plus question de la (trop) traditionnelle sérigraphie, il s’agit avant tout d’expérimenter. Sa dernière trouvaille : le « glass scratching » – comprendre : « grattage de verre ».

« Là où la crise a frappé, il y a beaucoup de magasins fermés et vides. Tu grattes un peu la vitre et soudainement tu peux voir à l’intérieur. Je trouve ça assez poétique, le verre a quelque chose de magique. Des fois je fais l’inverse : je peins des spots publicitaires lumineux en noir et je laisse transparaître la lumière en grattant. »

Borondo, espiègle, confesse que cette technique a également un avantage pratique :

« C’est une astuce pour ne pas être arrêté par la police : techniquement, tu es juste en train d’effacer de la peinture sur une vitre. »





« Tu dois dialoguer avec le lieu »



Expérimenter, oui, mais la peinture reste au cœur de son travail. Sa formation académique aux Beaux-Arts n’y est pas pour rien, le poussant à s’éloigner des codes traditionnels du street art et de la pop culture. Ses créatures sont souvent plus proches du fantôme que de l’homme, toujours errantes ; elles doivent faire partie du lieu, rester « discrètes ».

« Mon objet d’étude pour le moment, c’est l’humain et ses émotions. Je veux faire quelque chose qui soit très éloigné du mouvement pop et de ses codes. Tu ne peux pas arriver dans un endroit et poser comme ça un truc préparé, bien flashy. Tu dois dialoguer avec le lieu, rester à ta place, discret. Il y a déjà trop de pubs dans les rues. »


Glass scratching, galerie Itinérance (Philippe Vion-Dury/Rue89)
Borondo ne tient pas à trop intellectualiser sa démarche : son travail doit rester intuitif. Il lui arrive de penser à un thème, de réfléchir avant de réaliser un travail ; c’est souvent le cas pour les grands formats. Mais il a peur que ses œuvres ne deviennent trop « froides », qu’on sente que « l’artiste a trop pensé ». Il préfère se considérer comme un poète de rue.

« Je me balade, une image poétique me vient et j’essaie de lui donner forme. Je ne sais pas pourquoi je fais ça. C’est spontané, naturel. J’ai toujours aimé la rue : c’est un endroit où tout peut arriver, tout est aléatoire, pas comme à la maison.

Plus jeune, j’étais toujours en train de me balader, à me poser des questions sur ce qui m’entourait. Ce qui est vraiment intéressant avec la rue, c’est qu’il faut adapter son langage avec elle, prendre en compte les difficultés et obstacles. Tu as peu de temps et c’est interdit : la liberté se trouve moins dans ton travail que dans l’excitation que tu ressens en le faisant. »






« Ce que le street art devient... c’est dangereux »



Un vrai street artiste donc. Difficile de ne pas poser la question épineuse qui se pose à tous les artistes urbains : n’est-ce pas se renier que d’exposer du street art en galerie ?

« C’est difficile de provoquer la même sensation dans des espaces fermés. Dans la rue les gens sont surpris, alors j’essaie de faire des expos qui surprennent, mais ce n’est pas toujours évident avec les galeristes : ils veulent la même chose que tu fais d’habitude, mais dans un format qu’ils puissent vendre. Ça ne m’intéresse pas tellement. Tu fais pas de l’art pour être fonctionnaire, tu fais ça pour être libre. »

Un compromis donc. Il faut bien vivre. Ce qui ne l’empêche pas d’être très critique sur l’évolution du mouvement :

« Ce que le street art devient, ce côté mainstream, expos etc., c’est dangereux. C’est en train de perdre son essence. »

Lui préfère se contenter, grâce à quelques ventes en galerie, de financer ses voyages et son travail. Pas question d’avoir des projets. Un an c’est loin, et la célébrité pas vraiment son affaire. Carpe Diem.


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EXPOSITION BORONDO À LA GALERIE ITINÉRANCE
Du 8 mars au 13 avril.
Du mercredi au samedi, 14-19h
7bis rue René Goscinny, 75013 Paris



Source : Rue89

SLEDGE · Bass Green Card

30-03-13 13:17:47

08-05-12 · 2 188

23 ans ! et un art deja accompli ! Un style a part, loin des graffeurs. On dirai qu'il est revenu d'un autre temps pour nous en famillariser... Merci lapin pour la découverte ! smile

The Bass Airline Cie...