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FACE2... · Ripeur / Uploadeur

09-07-12 10:51:16

02-04-12 · 553

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j'avais lu ces textes il y a un bon moment sur feu freetekno.org, je les avais bien appréciés,en trainant sur les archives du site je suis retombé dessus, je mets ici pour les faire durées un peut plus longtemps,bonne lecture smile


Au-delà du talus





Quand Chloé me décrivait le goût du speed, son visage s'éclairait comme si elle parlait d'une tablette entière de chocolat. Une Côte d'Or avec des morceaux d'amandes à l'intérieur. Pourtant clair que son palet n'en avait aucune idée puisqu'elle avalait la poudre blanche en bonbonne. C'est son estomac qui dégustait trois quarts d'heure plus tard.

Alors moi je voulais bien tenter. Déjà j'adore le chocolat.

Le bout de papier blanc froissé dans ma paume.

" Pas plus que les effets de la caféine " m'encourageait Chloé.

Je me souviens bien : dans le hangar de cette nuit du nouvel an on marchait sur des flacons brisés ; une ancienne fabrique de parfum. Coco Channel mélangé à l'AcidCore, ca me donnait envie de gerber.

" L'autre fois ca m'a fait halluciné une armée de CRS qui donnait l'assaut ". C'est ce qu'a rajouté Chloé, ca m'a refroidit. Les keufs, ca me suffit de les voir réellement, je lui ai dit. Depuis j'ai décidé de rester au litre et demi de Carte noir. Quatre tasses prises sans sucre et à jeun.







En partant de la gare on a embarqué Lou. Il y avait une cinquième place dans la caisse à Chloé et surtout Fab avait flashé sur elle. Moi je l'avais regardé pendant qu'on attendait l'infoline. Y avait au moins une cinquantaine de chiens dans la gare, les chiens des teuffeurs, tous des labradors noirs aux côtes saillantes. Lou était recroquevillée, sa petite tête enfoncée dans son pantalon bleu Carhart. Des épis, seuls survivants de son crâne rasé, formaient deux cornes saugrenues. J'avais juste pensé " Tiens son fut, ca change des treillis kakis de tout le monde ". Pour le camouflage de toute façon c'était plutôt raté : les bêtes avaient chié partout ; les CRS, dépêchés par les contrôleurs complètement paniqués, nous ont sorti.

D'abord j'ai cru qu'elle était débile. Dans la voiture, Fab tentait d'amorcer le dialogue en racontant ses soirées Téquila-Nutella devant L'IRC. Elle lui répondait par monosyllabe. Je me suis retournée pour la dévisager et j'ai compris : Kétamine.

" Putain quelle conne elle est trop jolie en plus ", comme si une jolie face ne permettait pas qu'on se la défonce. Débit haché, lent, des lèvres fines, 17 ans et du calmant pour cheval fourré dans les neurones en guise de friandise.







" Laisse une place, y ont du produit ". C'était Chloé qui me poussait du siège conducteur où j'étais venue me réchauffer. Elle était accompagnée d'une fille et d'un mec. Ils se sont engouffrés dans la caisse. Ca faisait une nuit et une matinée qu'on était coincé dans cette cuvette. Derrière le talus de boue, trois sound system crachaient tout ce qu'ils avaient de plus hardcore dans leurs platines depuis vendredi soir. Il était onze heures, j'avais froid.

" Celle là elle est délicieuse, je te la fais à 150 "

Chloé a amputé d'une main son budget-guedro-week end de trois cent balles. La fille portait des dreads blondes; son copain tripait sur mes nattes coincées derrière les oreilles.

Une caillera à bonnet à pompon traînait autour de la caisse. C'est à ma vitre qu'il tambourina :

" 50 francs si tu me fait une ligne ". Chloé, trop heureuse, a sous-traité son deal. Elle égalise toujours la poudre à l'aide de sa carte bancaire.

Des doigts de fées, cette fille...



C'est une fois dehors que j'ai compris à quel point le siège conducteur serait mon seul ami à cinq kilomètres à la ronde ; les vents vicieux de fin avril venaient me mordre à travers mon sweet à capuche.

" Un taz pour toi si tu nous déposes au centre-ville ". Evidemment Chloé avait accepté tout de suite le marché que lui proposaient les quatre caillera ; 2 kilomètres pour un ecstasy !

" Je te laisses pas partir seule avec eux ", je lui dis en m'appuyant fermement sur le rebord de la fenêtre.

" Allez, c'est juteux comme affaire, je risque rien, à tout de suite ". Chloé se croyait la reine du troc surtout quand elle était sous speed.

Au moment où elle esquissait une marche arrière, j'ai vu la tignasse rousse d'Eric apparaître derrière le talus. Je me suis précipitée à sa rencontre, ses pieds avaient une drôle de façon de se poser l'un après l'autre. En fait ils dodelinaient comme des petits cerfs volants chassés par le vent. Ses yeux noisette minuscules m'ont fixé avec panique : il avait cru un instant que je voulais lui piquer la bouteille de rosé qui pendait à sa main droite. J'ai mis dix bonnes minutes à lui faire part de mon inquiétude ; la voiture devait déjà être au centre ville ou dieu sait où et Eric me répétait maintenant pour le troisième fois en me fixant froidement :

" Chloé, elle court un grave danger, tu sais. Jamais, JAMAIS on aurait dû la laisser partir. "

Tout en annonant d'une voix sourde, il avait tourné tout son buste vers le bout du chemin mais ses chaussures lestées par la boue l'empêchèrent de faire le moindre centimètre. J'ai regardé le haut de son corps fléchir de manière disgracieuse, puis il a ramené le goulot du rosé à ses lèvres. La bouteille a rétabli l'équilibre: droit comme un pic, la tête renversée, les yeux collés.



C'est là que j'ai remarqué, juste en face de nous, un type, adossé contre le coffre de sa 309 beige dégueulasse. Il regardait ses pieds.

" Toi non plus tu ne te doutes de rien ". Il m'a lancé ça d'une voix blanche. A peine un filet de son vénéneux et ses yeux qui aboyaient par dessus. Quand je me suis approchée, son hostilité avait reculé.

" Je te fais du thé à la menthe si tu me ramènes des clients. C'est 5 francs le gobelet. "

" Ma copine Chloé revient tout de suite, elle en voudra. Moi je t'en prends deux. "

Il a bondi pour ouvrir son coffre, et quelques secondes plus tard l'eau chauffait au dessus d'un réchaud.

" J'ai eu un flash l'autre soir pendant qu'on attendait l'infoline sur le parking du Casino ", il me dit en jetant les feuilles de menthe dans la casserole. " Toutes ces centaines de voitures et les teuffeurs qui faisaient la course avec leurs chiens autour des caddies : je les ai vu cinq ans plus tard : ils sortaient des mêmes voitures avec les mêmes chiens mais c'était un samedi après midi. Ils posaient leur môme dans le chariot pour aller acheter ensemble des kilos de pâtés en promotion ".

Il a relevé la tête pour me tendre le gobelet bouillant et j'ai vu ses joues. Ses joues creuses. Celles de ceux qui ont fait le voyage.

" Dis moi, t'as rien mis à part la menthe la dedans, hein ? "

" Genre des champignons ? " il me fait. J'ai maté le liquide verdâtre. Il y avait des cercles huileux qui dansaient à la surface. " Tu me fais pas confiance ? "

Son hostilité était cannibale. Juste au dessus des angles tranchants de ses pommettes, ses yeux verts me fixaient. Derrière les cornées je pouvais presque deviner des germes à pointes. Lui aussi possède des rêves métalliques, je me suis dit. Depuis que je fréquentais les hangars, souvent les nuits, je cauchemardais des hélices pleines de pics. Elles sortaient de mes paumes en tournoyant.

J'ai bu d'une traite le thé et les feuilles graisseuses ont glissé le long de ma gorge.



J'ai reconnu le bruit de son moteur bien avant que la voiture-paquebot de Chloé ne dévale le chemin. Ma seule bouée de sauvetage. Je voulais regagner le confort maternel de ses sièges pleins de terre, enfoncer ma tête dans mon écharpe et ne plus débloquer mes genoux du volant pendant les deux jours qu'il restait à passer ici.

Chloé tenta un de ses fameux demi-tour pour se garer juste derrière le vendeur de thé ; les pneus rechignèrent à stabiliser la vieille carcasse molle et éjectèrent dans leur ballet des parcelles de boue à un mètre du sol. Certaines s'agrippèrent à ma nuque comme des centaines de tics qui se serraient jeter sur une proie.

Il fallait que je m'assieds. M'isoler sous une couverture des pics de sons qui éventraient maintenant toute la colline.

Pour quelqu'un qui avait risquer sa peau, Chloé arborait un sourire étincelant :

" Deux taz et un VTT ", elle me fit. En sautant de la voiture, elle me prit le bras pour me montrer son trésor de guerre : effectivement, un VTT tout neuf, une des roues en l'air ligotée au parechoc par un tendeur, gisait dans le coffre. Vu l'excitation de Chloé, un des taz devait déjà être entamé...

Motivée par mes deux grands yeux ronds qui l'interrogeait, elle expliqua : " un taz comme prévu pour l'aller, un VTT à la gare contre deux cents balles plus un taz en bonus parce que le mec venait juste de le tirer deux mètres plus loin et qu'il avait besoin de la tune tout de suite ! "

Pendant qu'elle jubilait sur sa poigne de femme d'affaires, je matais le siège-conducteur avec affection.

" Bon tu viens te réchauffer au son ? "

Qu'y avait-il donc là bas pour me réchauffer ? J'imaginais une marmite gigantesque au delà du talus. Des parkas vertes qui trempent dans un liquide grumeleux. Du bouillon de viande.

" Je vais gerber. Laisse-moi le siège. S'il te plaît. "

Chloé a dû décider qu'elle ne gâcherait pas son demi-exta dans mes plans glauques ; elle m'a laissée les clés avec un bout de cheat coincé près du clignotant.

Tout va bien, je me suis dit.





A l'intérieur de mes paupières closes des lucioles dansaient. Chacune de leurs petites pattes allumaient des feux dans tout le bas de mon crâne. C'est ces insectes-pyromanes que j'essayais d'extirper par la bouche, plat ventre sur le siège, la tête en dehors de la portière, lorsque les baskets bleus de Lou se sont immobilisés devant mes yeux.

" Ca va pas ? "

J'ai relevé péniblement la tête. Ses deux petites cornes semblaient porter orgueilleusement le ciel bas.

" Tu veux quelque chose ? "

J'ai gémi. Qu'est ce qu'ils avaient tous à vouloir me refiler leurs composantes chimiques...

Je me suis relevée aussi vite que j'ai pu pour me barricader dans la caisse. Lou a ouvert derrière et s'est installée.

" Du Dolipran ? Non ? Si t'aimes pas j'ai d'autres trucs... "

Elle m'énuméra une demi-douzaine d'anti-douleurs qu'elle sortait un à un de la poche de son Carhart.

" Ouais, Dolipran, c'est bien, merci "

Quelques minutes plus tard, une odeur de peau de bébé emplissait toute la voiture : Lou avait sorti sa trousse de toilette et se passait sur le visage un coton imbibé de lait nivéa.

" C'est dingue ce qu'il y a de cochonneries dans ce ciel ", elle me dit en me montrant un bout de coton. Il était grisâtre. On aurait dit de la poudre métallique. C'est le son, je me suis dit : Les beats hardcore des quatre DJ mixant simultanément qui venaient s'écraser au pied du talus. Du son férailleux, gratté. Des limailles d'acier coupantes et rouillées.

Je l'ai regardé s'éclaircir la peau. Sa grande main osseuse essuyait lentement les contours acérés de son visage. Elle avait les gestes gracieux et saccadés de ces poupées-danseuses qu'on actionne en ouvrant les boites à musique.

Je l'ai vu reposer le flacon, fouiller dans sa trousse pour en sortir une petite boite ; elle a étalé ensuite sur son miroir ovale des lignes d'une blancheur pure et les a inspiré à pleines narines. Ses grands yeux bleus se sont fermés et sa mâchoire s'est resserrée.

Fin de la toilette.

Je m'imaginais sa petite cervelle à l'intérieur d'un scanner. J'en voyais les rondelles en 3D. Elles dégageaient même un parfum sucré et pâteux. Une châtaigne grillée.

J'essayais depuis dix bonnes minutes déjà d'extirper le morceau de cheat de la branche du clignotant lorsque les portes de la caisse se sont ouvertes. Chloé a poussé au moins cinq personnes, elle inclus, à l'intérieur, restreignant du même coup mon espace de survie à la bordure extrême gauche du siège. J'ai remonté mon écharpe jusqu'au nez, enfouie mes doigts sous les manches de mon sweat. Je me suis mis en tête de regarder un point inintéressant et flou au delà du rétroviseur.

L'intérieur de l'habitacle en quelques secondes a pris l'apparence d'un étal de marché. Mon sang, concentré dans les joues puis dans les tympans remontaient maintenant comme des bulles de limonade pour éclater juste au dessus du front...

" Non la Kéta, vraiment j'peux pas. Fonctionner en circuit interne, c'est pas bon pour moi. J'préfère pas me rencontrer trop souvent. "

" Elle est pas forte ici ; va demander au camion des TSD ; celui avec le drapeau pirate "

" C'est toujours le même problème : au début des tecknivals tout le monde a du produit mais personne n'a de tunes. Et le troc, on est sûr de se faire avoir... "

" Tu vois, aujourd'hui, s'il pleuvait pas, je crois que je me droguerais même pas. "

C'était Lou. Elle avait rouvert les yeux et regardait d'un air boudeur l'averse qui picorait le pare-brise.

Deux autres filles sont venues peu après se serrer dans la caisse. Tout le monde se contorsionnait pour atteindre les poches de ses treillis. Seule la technique de pliage de Chloé ne semblait pas souffrir de cette concentration de corps : elle continuait avec la même fréquence, à fabriquer de petites bonbonnes au dosage parfait.

Je me suis surprise en sortant de moi même de la voiture. C'était sans doute à cause de cette odeur de couloir d'hôpital et puis comme le parfum des bonbons acidulés des pharmacies. Les basses, depuis mes deux pieds enfoncés dans la terre, me sont remontées le long des tendons. Je crois que j'ai vu des ruches dans le champ d'à côté ; quel goût peut donc avoir le poison des abeilles, je me suis dit. Celui des pralinés, j'ai décrété tout en montant le chemin.

" Hé Cerise, qu'est ce que tu fais ?! "

Je me suis retournée parce que j'avais reconnu la voix de Pierre.

" Tu me sauves la vie, je lui fais. Je connais plus personnes ici ; même leurs visages ont changé ; viens on marche jusqu'à la gare, viens je veux partir, c'est le matin bordel, je ne veux pas faire la fête le matin "

Pierre m'a fait un large sourire, j'étais soulagé, puis il m'a dit : " Non, je pars pas, je viens de prendre un acid. Il va faire beau aujourd'hui, il faut rester "

" Combien de temps ? Y a combien de temps que tu l'as pris ? " J'étais totalement paniquée.

" Y a une demi heure. Il va commencer à monter maintenant "

Il a haussé les sourcils à la manière d'un petit garçon tout penaud puis il a détalé comme un lapin vers le son.

Je suis la seule à n'avoir rien dans la caboche, je me suis dit. Même les feuilles de thé se sont sagement appesanties dans l'estomac. Je suis la seule à avoir froid, je me suis dit. Et j'ai regardé la colline, là bas ; j'entendais les mixes s'enchâsser pour former d'invraisemblables barricades autour des enceintes...

Alors j'ai redescendu le chemin lentement et j'ai passé le talus.







Rencontres
du troisième type





A quatre heures de l'après midi, Claire-la-chéper s'est enfin apaisée. Elle s'est assise dans le sable ocre et s'est prise la tête entre les mains. Depuis l'aube, je la regardais dessiner à pied de vastes cercles autour des deux sons. On me disait en pointant du regard sa silhouette maigrichonne : " Elle est restée collée à 16 ans "
" Mais où, à quel niveau ? ", j'aurais aimé lui demander mais personne n'osait plus l'aborder ; elle mordait.

Le soleil de l'après midi chauffait la carrière comme du fer blanc. Par petits clans, tout le monde s'était retiré sous l'ombre des quelques arbustes pour observer les strates de son se faire et se défaire au dessus de la terre rouge. Il n'y avait que des petits yeux fatigués, bordés de cernes gonflées mais qui continuaient, comme des hyènes, à se fixer, depuis la lisière.

Tout s'est appesanti puis figé.

***

" Une bonne teuf, ça se mérite. "
C'est ce genre de sentence débile que je me matraquais cette nuit-là alors que mes baskets, à chacun de mes pas, se lestaient d'un quintal de boue supplémentaire.
il était deux heures du mat et j'étais parmi la centaine de teuffeurs qui faisaient ventouse avec l'attraction terrestre pour traverser un champs de maïs. Et le son était dramatiquement à gauche. A gauche aussi une sale rivière avait déjà refroidi des dizaines d'impatients sans lampe...

Chloé éclairait les sillons des jeunes pousses de maïs par intermittence pour économiser sa lampe ;

Clic- nuit noire à tâtons comme enfermés dans une boite à chaussures. On se cogne contre de la matière opaque.
La lune rousse se moque de nous.
Clac-la boue est jaune liquide. J'ai buté sur le mec devant et je lui en ai mis plein le bas de son treillis. Il se retourne et me sourit timidement.

En quelques minutes la géographie du terrain s'était muté en environnement hostile avec des fleurs carnivores, des ravins et des barbelés...
" C'est la faute à ce putain de son, s'emporte Chloé. Y ont bien dû amener le camion par une route et y s'en foute qu'on se tape cette brousse. Tout juste s'ils l'ont pas piégé, pff, putain de son... "
" C'est pas trop leur intérêt de cerner leur teuf de pièges ", tenta Julie pour calmer le jeu. Elle souriait. Normal. Pour elle à Paname, on avait dévalisé un rebeu de tous ses Freedents à la fraise ; parce qu'en pleine montée, ça lui faisait des goûts de tarte à la myrtille dans la bouche.

" Bon on y va à l'intuition ", je fais passablement énervée.
" La dernière fois que j'y suis allée à l'intuition j'ai écopé de deux mois de jambes dans le plâtre. "
Cédric avait découvert une voie derrière des barbelés ; Chloé vociféra deux fois plus fort avec sa fixation sur les pièges et elle faillit balancer sa torche à la face d'un keum qui s'était jeter dessus en dernier recours.


Qu'y-a-t-il au delà d'une colline un soir d'été ?
4000 teuffeurs qui se pressent devant le son... Lorsqu'on a franchi la dune cette nuit-là, je me souviens des yeux écarquillés de mon frère :
" On dirait l'arrivée des extraterrestres dans Rencontre du troisième type ", il me fait. Et c'était pareil : sur le camion du son, un cracheur de feu flambait le ciel et toute la carrière en effervescence brillait comme un vaisseau spatial...
Devant les platines un ballon rouge et blanc en forme de fusée tirait sur sa corde. " Une fusée parce que c'est à cet endroit qu'on décolle ", me répondit un keum.

7h30. Le ciel est jaune et des poussières de LSD 27 dansent là haut dans la cervelle de Chloé.

J'étais dans le cercle protecteur des 17 personnes collées aux enceintes, ceux qui sculptent le son du bout de leurs doigts violacés.
" Là, ça va ma mâchoire ? ". Julie, petite pile électrique sur ma droite, se grignotait l'intérieur des joues comme pour dénicher les grains de despee qui n'avaient pas suivi le chemin de l'oesophage...
" Essaye de te contrôler Julie ", je lui fais, " t'es en train de te bouffer ; sérieux va te voir dans un rétro. "
En fait, je les ai regardés, ils étaient tous en train de mâcher comme s'ils compressaient, de toute la force de leurs molaires, des gravillons de sons.

La ligne de basse a bondi tous crocs dehors. Ca m'a pris par le ventre : voir le mec qui tient la foule par le menton.

Posé sur le vinyl, la dernière phalange de sa main fine ressemblait à un noyau de chêne et les doigts de sa main droite portaient sur un millimètre l'aiguë vers le haut...
" Tu vois les courants ?", me demande une fille derrière moi.
" Où? "
" Dans ses membres ", elle répond.
" Il ressemble à un pote à moi : vers 6 ans, ses parents l'ont emmené chez un psy parce qu'il était agité. " hyperactif " il a décrété et ce connard a prescrit pour le môme des séances d'électrochocs à petites doses... Quand je regarde maintenant dans ses iris jaune je vois l'électricité circuler. Mais il est calme, il ne bouge plus jamais de sa chaise. "
J'ai regardé les muscles secs du mec se tendre et bleuir à chaque à coup de basse ; sous sa casquette verte il souriait. C'était un soir de hangar, je me souviens de lui :

C'est l'hiver, on est dans une grange à moutons ; les mecs du son se sont goinfrés de Spécial K, leurs mixes me rayent la cervelle. " Attends-moi là ", il me fait.
Je le regarde s'enfoncer dans l'obscurité au delà du camion. Une heure plus tard, au moment où je crois que son corps s'est fait mangé par la nuit dans des amas de tôles, il réapparaît et me prend par la main.
J'entends les bruits de ferrailles dans sa tête et le MDMA lui vrille joliment les pupilles...

***

A 11 heures, Chloé m'a proposé des Bledina pomme-banane pour le ptit dèj. En allant à la caisse, on a croisé Armand : " je trouve plus le chemin ", il répétait de sa voix sifflante. Pour fêter la saint Jean il s'était offert un petri entier et comme moi, il n'avait pas le sens de l'orientation. Je le regardais lutter dans sa tête pour ne pas s'égarer et Chloé, très pragmatique, l'a pris par le bras : " Je vais te filer du regilait, ca va te faire gerber mais revenir tout seul "
Pour accéder au siège, elle a dû pousser Julie qui était toujours en train de se mater dans le rétro pour raisonner sa mâchoire ; j'ai bu le petit pot pendant qu'Armand croyait avaler le lait sucré ; en fait il regardait juste le tube : " hé, Cerise, mate ça : j'lui demande de sortir et le liquide sort et hop, j'lui demande de rentrer, il m'obéit ! " Il a voulu essayer avec mon Bledina mais l'ours bleu du couvercle ne voulait pas discuter avec lui. En fin de compte Armand a serré amoureusement le regilait contre son torse et est reparti vers le son complètement rétabli. Chloé a arraché Julie à son rétro contre la promesse d'une bonbonne et on a repassé la dune. La température se radoucissait. Les blouses blanches de Médecins du monde, de leur côté, finissaient de jouer à la dînette. Tout est en ordre, je me dis.

***

Tout s'est appesanti puis figé.

***

Chloé vient de piler sur la Nationale pour acheter des fraises en promo au bord de la route ; on a faillit s'enfiler une dizaine de voitures et j'aime pas ses coups de sang, j'ai la place du grand brûlé...
Un des teufeurs qu'on ramène sur Paris sort pour aller jeter un coup d'oeil au réservoir d'huile qui a cogné violemment contre le rebord du talus en s'arrêtant. Pendant qu'il ausculte le dessous de la caisse, Chloé réapparaît souriante et chargée de deux cageots de fraises. Je regarde les gros fruits rouges déjà très mûrs en pariant que son estomac, tendu par le speed au moins pour deux jours, n'en verra pas la couleur...
Toshiba, Bouygues, EDF GDF, IBM... Voilà les tours à peine au dessus de la brume des diesels. C'est Paris et le camion blanc du son sera en Toscane dans une semaine. Maintenant il y a dans ma tête ce keum à la casquette verte qui prend soin de ne pas abîmer ses phalanges en rangeant les enceintes...

Et tout à l'heure dans le métro je sentirai à nouveau derrière mes cornées les premières poussées des germes à pointes ; elles me rendront les mots acerbes et le geste hostile ; il y aura les petits comportements minables des gens et mon envie de passer leurs faces au vitriol. Un hoquet de Javel qui brûle une deuxième fois lorsqu'on veut le vomir.
Ca s'apaisera puis remontera encore.








Peter Pan’s Trip



C’est quand Lou fit la connaissance de Jef que les choses commencèrent à tourner mal.


Tout parti d’une drôle de promesse : une ballade à Kensington Garden, pour aller mater la statut de Peter Pan le lendemain de la teuf.
« Oh, Putain ! », elle fit juste en regardant le foie gras à peine entamé dans son assiette en carton. Ca faisait quatre longues heures qu’ils étaient tous à table pour le repas de nouvel an. Histoire de se remplir la panse en prévision des deux jours suivants. « Ca veut dire oui ? »
Lou ne voulait pas dire OK, elle savait ce que signifiait les promesses sous micropoint : que dalle. Et Jef était déjà chargé jusqu’en haut de la trachée... Elle aurait bien voulu encore fixer ses lambeaux de foie gras mais Marc, boostée par les platines qui s’étaient remises à hurler, débarrassait toute la table ovale. « Maintenant, le dessert!», il fit à l’assemblée dans un rire guttural.

A six heures du mat, Fred cherchait toujours les clefs de son camion. Il s’était embrouillé grave avec sa copine parce qu’il lui avait lancé « Bouge tes grosses fesses du canapé, elles sont sûrement en dessous... ». Juste derrière, Chloé glissa avidement « Ben c’est vrai qu’elle a des grosses fesses » avant de reprendre la ritournelle « We are on mission : Extasy, cause i like those fucking drugs » en braillant dans toute la pièce « C’est mon skeud préféré ! », rapport au vinyle que Jo passait en boucle depuis une heure. Lou se servi un énième kir fraise en espérant qu’il ferait glisser cette drôle de boule qui lui semblait tendre dangereusement toutes les veines de son cou. Mais le plus compliqué dans ce bordel, alors que l’infoline était tombée déjà depuis trois bonnes heures, fut de tirer les narines de Marc hors de la table ovale. Il se voyait sur les pentes enneigées du Mont Blanc dans l’extase d’un free ride et toutes ces neurones se fixaient sur la recherche de la poudreuse. « Y a plus rien, j’t’assure, lui assenait Lou en contemplant le miroir de la table. « Tout est dans ton pif »
Peu après Chloé est allée entonner son chant révolutionnaire dehors et tout le monde a terminé dans le camion. Les clefs étaient finalement sur la portière. Fred ne desserra pas les dents pour autant. Il se conduisait en petit chef et, une fois arrivé au coeur de Londres devant l’immense entrepôt en briques rouges, il les fit descendre comme du bétail. Chloé, en passant lui fit un doigt ; Lou était déjà magnétisée par les éclairs blancs qui sortaient des vitres brisées de l’immeuble. Le brouhaha des mixes entrecroisés tonnait à des kilomètres à la ronde. « Tu les entends, Lou ?, cria Chloé en courant à perdre haleine vers le hangar. « Voilà nos dieux qui s’énervent »

***

Un soleil pâle se lève sur le toit du hangar. Chloé et Lou pissent, côte à côte, maladroitement accroupies sur les tôles en pente. Le liquide dégringole sur tout Londres et juste en dessous des deux filles, 5000 personnes sont en train d’écarter par pans entiers le royaume des défoncés... « Chloé, j’ai croisé Steve Mac Queen sur la moquette du troisième étage tout à l’heure. J’avais jamais vu, mais il a le nez de Peter Pan, j’t’assure »
« Encore une canaille, siffle Chloé »
Lou veut lui répliquer que c’est un shérif mais Chloé se fige tout à coup :
Les mixes se répondaient les uns aux autres et s’élevaient comme un château de carte jusqu’au ciel ; « Fais un voeu, Lou. Avec ces basses, sûr qu’il transperce direct le cul des anges ! »
Lou repense à Kensington et elle sent son coeur devenir tout rouge.

***

Bien plus tard Lou retomba sur Chloé. Elle fixait l’enceinte gauche d’un des sound system du deuxième étage. Campée toute droite sur ses deux pieds, les joues aspirées par sa clop. Lou lui sauta dessus et l’embrassa puis lui ressauta dessus toute excitée en lui plaquant devant le visage son carnet rouge :
« Mate ça, mate ça ! C’est tous les keums que j’ai rencontrés. Trop terrible, elle lui criait à l’oreille, C’est déjà des amis » Puis elle se recula et repris d’un air grave en articulant chaque syllabe : « Je pense Chloé que j’ai fait un grand pas ce soir dans la compréhension du monde ; je me suis rapprochée de lui, tu vois. Tous ces gens m’ont dit qu’ils me respectaient ; je les ai tous invité à venir chez nous à Paris. Enfin faut que ma gorge aille mieux, hein, jleur ai dit, parce que là j’ai comme un truc qu’arrête pas de gonfler... Mais regarde j’ai même leurs numéros de téléphone !! »

Chloé fronça les sourcils, retira sur sa clop, mata longuement les trois pages remplies du carnet puis le visage de Lou :
« Lou, t’as bu du kir avec ou sans fraise chez Marc tout à l’heure ? » Lou comprit pas le rapport :« Chloé, t’es encore foncdée » elle lâcha tristement en se balançant de droite à gauche. Elle allait tourner les talons quand Chloé la rattrapa par la manche et lui pris la gorge à deux mains :
« Là, Lou, qu’est ce tu sens ? »
« J’ai un caillou au fond du cou depuis ce soir. Mais c’est l’humidité ; c’est l’australien qui me la dit. Londres, ca lui fait aussi ça... »
« Lou, y avait du speed tassé dans les fraises du kir et jcrois que t’en a un peu bu quatre litres »

Lou se tassa sur elle même puis palpa son puits à speed.
« Regarde ton carnet maintenant » lui fit doucement Chloé. Elle obéit :

Peter Pan 00 44 078 879 9637 Peter Pan 06 09 78 45 78
Peter Pan 06 61 45 87 20 Peter Pan 00 44 371 459 7858
Peter Pan 03 89 56 23 74 Peter Pan 00 64 458 125 8963
Peter Pan 01 42 56 73 28 Peter Pan 01 45 73 85 64
Peter Pan 00 33 854 789 6522 Peter Pan 06 62 78 52 98
Peter Pan 00 27 758 245 7627 Peter Pan 00 44 125 743 6987
Peter Pan 00 64 296 653 7853 Peter Pan 00 81 473 895 4523
Peter Pan 00 44 171 375 1804 Peter Pan 00 34 568 215 4578
Peter Pan 06 07 45 78 32 Peter Pan 00 31 452 729 4394

Et soudain elle eut l’impression que son oedème se dégonfla. Seul un désespoir tenace était maintenant appesanti au creux de sa gorge...
« On se tire », lui fit Chloé, en la prenant par la main.
« Non! Et Jef ? »
« Jl’ai vu y a une demi-heure : il venait de croquer son deuxième micropoint. Autant te dire que ton Peter Pan, il en a rien à foutre! », s’énerva Chloé.

« Vas-y, conduis-nous à Kensington Garden, ste plaît! »
Chloé avait retrouvé Fred et sa copine, plantés devant le hangar dans le soleil de l’après midi. Fred la regarda un moment mais de tout son visage, seuls ses yeux verts frémissaient. Chloé cru qu’il n’avait pas compris et répéta : « Il faut que Lou voit Peter Pan. Jsens qu’elle va nous faire un mauvais trip sinon. Un peu trop de fraise » elle rajouta d’un air complice.
Sauf que ca marcha pas du tout : Fred ne les avait pas reconnues. Chloé voulut s’avancer jusqu’au camion garé de l’autre côté de la rue. Fred se posta devant elle : « Tu fais un pas de plus et jte butte la face. Personne ne volera mon camion ; jlai surveillé toute la nuit, c’est pas qu’on me le tire maintenant ! »

Chloé experte en psycho-chimie décréta un « Tripé, pas la peine » et traîna Lou en direction de la bouche de métro.

Le hic c’est qu’au guichet y avait pas moyen de faire du change et que les filles dans leurs poches avaient 10 keus.
« Pas d’argent français ici, leur répéta la bonne femme.
« Et où alors ? »
« Y a rien dans les environs. Faut aller à la zone commerciale. 20 km environ. »
En remontant de la bouche de métro, Chloé et Lou tombèrent sur un cabs. Un jeune black somnolait à l’intérieur.
« Ecoute Lou, lui fit Chloé. On va prendre un tacos jusqu’au Change, puis on prendra le métro pour aller mater ton putain de Peter Pan, OK? »
Elles réveillèrent le keum du taxi et lui expliqua dans un anglais approximatif toute l’histoire. Le cabs démarra, Lou osait à peine regarder Chloé se ronger le bas des lèvres. Signe chez elle d’un sérieux agacement. Chloé avait quitté la teuf pour ses conneries, elle qui mettait toujours un point d’honneur à être sur ses pieds jusqu’à la dernière étincelle de mixes...

L’artère du cou de Lou était assaillie de ronces.

« Respire Lou, fit Chloé. T’es speedée,c’est rien, c’est juste la première fois et faut toujours que tu prennes tout au tragique »
Mais plus Lou essayait de respirer et plus le monde s’éloignait d’elle, ça elle en était sûr maintenant.
« Putain de Peter Pan » vociféra Chloé entre ses dents.

Le cabs entra dans une immense cour déserte cerclée d’immeubles et ralentit. « Ca sent l’embrouille », murmura Chloé soudain redressée sur son siège. La caisse stoppa net en plein milieu. Plus de bruit.
Le keum se retourna vers elle et fit doucement « Nous y sommes »
Chloé sortit de la poche de son treillis un bout de miroir aiguisé, cria à Lou « cours! » et décampa hors de la caisse. Alors Lou se mit à courir aussi sans trop comprendre et le mec du cabs leur courut derrière en criant à s’époumoner « Trust me ! Trust me ! »

Les frêles jambes de Chloé lâchèrent au bout de cinq minutes de sprint. Quand le black les rejoignit, il les dévisagea d’abord tour à tour longuement puis parti dans un fou-rire : « Là, à l’intérieur, il bégaya, y a vraiment un centre commercial et un change ! »
Chloé rangea son bout de miroir, grave vexée, et elles le suivirent...

CLOSED.

« C’est le 1er janvier, les demoiselles, expliqua le black. Si celui-ci est fermé, on trouvera pas d’autres bureaux de change. Faut que je vous ramène maintenant à votre hangar parce que ca vous fait déjà 10 pounds là »
10 minutes plus tard, la caisse retrouva son point de départ, Chloé lâcha, véner, ses 10 keus au keum en lui expliquant que ca valait largement les ten pounds.

« Ben alors les filles, ques vous foutiez ? »
Jef se prélassait au soleil, étendu sur le capot du camion ; toute la bande était autour. Lou s’approcha de Jef, mais, avant même qu’elle ai pu prononcer un mot, Chloé la fit monter à l’arrière du camion.
« Chloé, tu trouves pas que Jef ressemble à Steve Mac queen ? sortit Lou. C’est dingue parce que si Steve Mac queen ressemble aussi à Peter Pan alors tout ce tient et comme je t’ai dit que j’ai justement rencontré ce shérif... »
« Marc! appela Chloé. Dis gentiment à cet enculé de Fred que je veux me casser d’ici »

Lorsque Lou se réveilla il n’y avait plus d’heure. Jour/nuit ? Marc s’affairait aux platines, Chloé gigotait devant la cafetière en s’hypnotisant sur le goutte à goutte, et les autres braconnaient les traits blancs en tournant autour de la table ovale avec une férocité de chasseur.
Lou était placée exactement au même endroit du canapé où Chloé l’avait posée en arrivant à l’appart. Instinctivement, elle porta sa main à sa gorge. La peau était souple et chaude ; les ronces s’étaient retirées.
Elle poussa un soupir de soulagement et chercha Jef du regard. Il était juste en face d’elle, de l’autre côté de la table. Il se matait dans une petite cuillère en plissant son joli nez.
C’est à cet instant que Lou se souvint de Peter Pan et de l’ampleur que cette stupide promesse avait pris à l’intérieur de sa tête. Elle se leva, contourna la table et colla une énorme claque à Jef. Il ouvrit une grande bouche étonnée et palpa du bout des doigts sa joue toute rouge : « T’es pas bien ou quoi ? Pourquoi t’as fait ça ?! »
« Jsais pas. Je m’en rappelle plus », lui répliqua Lou.
Chloé qui s’était approchée pour s’interposer éclata de rire et lui fit un clin d’oeil.

« Jvous file 10 pounds pour le cabs. Ca suffit pour aller à la gare », fit Marc. Le dimanche aprem de demi-brume, Lou se réveillait et c’était l’heure de partir...
« Et Kensington, c’est pas sur le chemin ? » elle lui demanda.
Alors on aurait presque pu entendre le bruit qu’a fait cette question dans la tête de Jef lorsqu’elle s’est déployée ; il regarda Lou, cligna des yeux comme s’il accédait à un souvenir enfoui et mis la main dans sa poche pour en sortir 5 pounds ;
« Tiens, il fit à Lou. C’est pour le détour, ca doit suffir, non ? »
Jef affichait un sourire satisfait, comme s’il venait de couvrir de friandises tous ces potes.Il dû se dire aussitôt qu’un tel geste valait bien une ligne de Kéta. Et il ne s’en priva pas.

Ils n’étaient plus très loin de Kensington Garden maintenant. La Kéta berçait Jef dans un état de semi-coma. Le sourire aux lèvres, il s’était recroquevillé contre Lou comme une crevette dévertébrée. Elle regarda ses membres disloqués. De la chair molle, fine et sans jointures. Lou avait toujours eu horreur des mollusques mais Jef était la plus belle pieuvre qu’elle ai jamais vu et ces quelques secondes suffirent à la réconcilier avec toutes les espèces de fruits de mer. Alors tout à coup, elle se pencha vers lui et le bouscula un peu pour le lui dire mais Jef ouvrit d’abord de grands yeux effrayés puis la fenêtre et balança une monumentale gerbe. Qui, avec le vent, se replaqua directement sur toute l’aile droite de la voiture.
Le taxi fit une embardée et s’arrêta en fracas contre la chaussée de gauche ; Jef bondit hors de la caisse pour aller répandre pendant vingt minutes des petits tas blancs un peu partout sur le trottoir. Le mec du cabs se retourna vers Lou et Chloé et leur lança sèchement : « Five pounds en plus pour le lavage »
Lou regarda dans sa paume ses 15 pounds, puis regarda Chloé qui haussa les épaules en esquissant une drôle de grimace navrée. C’est alors que Jef ouvrit la portière en s’essuyant la bouche du revers de son sweet et se blottit à nouveau contre la nuque de Lou.
Le taxi fit demi tour à quelques mètres de la grille sud de Kensington Garden et pris le chemin de Waterloo Station. Cerise

Free partie !! jamais revenue neutral

Nevrakse · Moderateur

19-10-12 09:57:11

16-10-11 · 4 285

  28 

Ca existe encore les free,ca à juste rien a voir maintenant,c'est différent...j'ai aussi connu cet époque smile

TikTak · Compte mis en Parking

22-10-12 16:22:26

12-04-12 · 119

  

Très plaisant à lire ... moi qui pensais, avant de cliquer, qu'il s'agissait d'une histoire en rapport avec groupama ...

Nevrakse
Ca existe encore les free,ca à juste rien a voir maintenant,c'est différent...j'ai aussi connu cet époque smile



A mon sens, la "free party" n'a pas beaucoup évolué depuis, ce que certains, appellent "l'age d'or" ou "la grande époque" (1995 - 2000) ... ce qui a évolué, ce sont les gens qui y participent, leur nombre et aussi et surtout toi même, ton expérience, ta façon de voir les choses. Mais foncièrement, je pense qu'à quelques détails près, il n'y a aucune différence entre ce qu'il se passait il y a 15 ans et maintenant.

Nevrakse · Moderateur

23-10-12 10:41:21

16-10-11 · 4 285

  28 

C'est fort possible en effet qu'on ai juste......grandi ^^

Klm's · Bass Traveller

23-10-12 19:30:36

31-07-12 · 169

  

Woah ! J'ai pas tous compris, mais très intéressant ! Si vous avez d'autres témoignages à partager, faites-moi signe, j'aime beaucoup, moi qui n'ait pas connu cette époque là ...

Cui-Cui ! L'oiseau sort de lui !