Le Teknival du 1er Mai 2017 pose ses valises à Pernay
Après une journée du jeu du chat et de la souris entre ravers et forces de l'ordre, le Teknival s'est installé vendredi soir à Pernay.
Annoncé de longue date sur les réseaux sociaux, le traditionnel Teknival du 1er mai qui fête cette année sa 24ème édition s'est installé aux alentours de 22h vendredi non loin de Pernay dans l'Indre-et Loire à quelques dizaines de kilomètres de Tours. Tout avait commencé avec deux points de rendez-vous différents donnés via l'infoline en début de journée, l'un à la Ferté Bernard pour le Nord et un second plus au Sud. Puis un point de ralliement commun fût donné sur le Parking d'Auchan de Saint-Cyr-sur-Loire. Le tout alors que 5 arrêtés préfectoraux avaient été émis dans l'urgence dans le Cher, l'Allier, l'Indre, l'Indre et Loire, le Loir et Cher et le Loiret afin de tenter d’empêcher la circulation des véhicules de plus de 3.5t se rendant au Teknival. En effet comme l'année dernière à Salbris, le Teknival est une fois de plus illégal et revendicatif car selon les organisateurs qui nous avaient accordé une interview il y a quelques jours "nous n'avons toujours pas été entendue par le gouvernement, malgré les négociations malgré tous ces événements, ces manifs et l'unité que nous montrons, nos lettres envoyé à différents ministères, à différents membres du gouvernement nous mènent toujours à un zéro pointé". Et après la mobilisation massive du 18 mars pour les manifestives partout en France, c'était également un moyen de montrer "l'unité du mouvement techno en France en un même lieu."#Teknival : Gros embouteillage à la sortie du parking du Auchan de Saint-Cyr-sur-Loire et forte présence policière. pic.twitter.com/x9zcCMI9ty
— Bass Expression (@BassExpression) April 28, 2017
Les revendications du rassemblement sont en effet nombreuses et anciennes, et pour la plupart plus que légitime pour un mouvement capable de rassembler des milliers de personne via le bouche à oreille.Celles-ci peuvent être résumée en quelques points :
• Arrêt immédiat et définitif des saisies de matériel et abrogation de la loi Mariani
• Arrêt immédiat des procédures abusives contre les collectifs et les participants (agression sonore, travail dissimulé pour les bénévoles, aide au tapage nocturne pour les danseurs…) par une instruction ferme aux forces de l’ordre et aux procureurs.
• La possibilité d’avoir accès aux terrains publics inutilisés (friches, SAFER, domaine public, ...) quand nous en faisons la demande et que ceux-ci ne présentent pas de risques.
• Un vrai changement dans la façon dont les mairies nous accueillent quand nous les contactons. Des attitudes constructives et responsables ! C’est trop facile de mettre des pierres à l’entrée d’un terrain pour renvoyer la fête sur la commune d’à côté.
• Un vrai soutien pour les actions de réduction des risques, car NOUS sommes responsables !
• l’arrêt immédiat du suivi par le Ministère de l’Intérieur, car nous ne sommes pas des terroristes.
C'est donc un long convoi composé de centaines de véhicules qui ont pris le départ du parking d'Auchan aux alentours de 19h30 vendredi pour sillonner les petites routes du département avant d'investir un site entre les communes de Pernay et de Château la Vallière, escortés par les gendarmes afin de prévenir les problèmes de circulation. Après l'installation des premiers sound system durant la nuit et la lente résorption de l'immense bouchon formé à l'entrée du site qui devrait néanmoins encore duré toute la journée, l'heure est désormais à la découverte du site et des différents collectifs présents. Les services de l’État commencent eux à s'organiser afin de faire face au mieux au déferlement de teknivaliers qui s’annonce quand à la protection civile elle est déjà sur place ainsi que les pompiers et une équipe de plongeur. Les premiers retours des personnes sur place indiquent tous une très grande affluence avec plus de 20.000 personnes sur place quand la gendarmerie dit en attendre 30.000 et recense environ 70 sound system déjà installés. 350 gendarmes sont d'ailleurs mobilisés pour assurer le bon déroulement de l'évènement ainsi que de nombreux contrôles.
"Il y a actuellement aux alentours de 10.000 personnes. Mais on sent une montée en puissance, il y a toujours des gens qui arrivent et on devrait atteindre les 30.000 en fin de journée de samedi", a déclaré à l'AFP en milieu d'après-midi hier Loïc Grosse, directeur de cabinet du préfet. La préfecture a demandé la présence permanente de plongeurs en raison de la configuration du site en plein milieu duquel se trouve un étang. "Il se trouve entre la zone de vie et la zone festive et, de nuit, ça risque d'être très compliqué", a expliqué M. Grosse. Par ailleurs, "il y a un risque non négligeable d'incendie", notamment en raison de l'utilisation de barbecues, a souligné le fonctionnaire. "Il y a pas mal d'épineux dans le secteur et, en raison du manque de pluie des derniers mois, tout est très sec", a-t-il dit. Les organisateurs, qui n'ont pas de contacts directs avec la préfecture et n'ont pas demandé d'autorisation pour ce festival, ont également mis en place un dispositif de secouristes bénévoles.. La soirée quant à elle se poursuit ce lundi pour les participants sur un site en majorité propre après une coupure d'environ 2 heures tous les jours même si beaucoup reste à faire. Les maires de la communauté de communes de Gâtine et Choisilles se proposent d'ailleurs d'aider demain au nettoyage du site.
Louis Le Franc, préfet d'Indre-et-Loire, rappelle que la manifestation est "totalement illégale" et déplore être "mis sur le fait accompli". Il invite les riverains à "garder le calme : "Il va falloir subir les nuisances sonores jusqu'à mardi matin, et notamment la nuit. Nous ne sommes pas dans une logique d'affrontements avec des dizaines de milliers de participants, sur un terrain occupé illégalement, car nous n'en avons pas les moyens". "Justement, quand toute l'année, les fêtes sont réprimées, le seul moment où il y a un élan massif on se retrouve avec une fête gigantesque.... C'est possible qu'on dépasse les 50 000" assure Ben, l'un des organisateurs.
Alors que 30.000 personnes on été recensés durant la nuit du dimanche au samedi , un jeune d'une trentaine d'années est décédé dans la nuit « Il a été amené vers 4h à un poste de secours du site, en arrêt cardiaque. Il n'a pas pu être ranimé » selon la Nouvelkle république qui ajoute que 51 personnes ont été accueillies au poste médical principal du site. Outre le jeune homme décédé ont été comptés deux blessés graves (une personne en arrêt cardiaque et une urgence absolue) et 12 blessés légers. Enfin, durant la première nuit, les plongeurs ont sorti de l'étang qui traverse le site en deux six personnes qui étaient tombées à l'eau.
L'association Freeform dont le rôle est de faire la médiation entre les organisateurs et l’état, a publié un communiqué stipulant qu'elle avertie depuis des mois le Ministère de l’Intérieur de la préparation de cette manifestation. Des mails, des appel, des demande de rendez-vous, rien n’y a fait. Ces derniers ont tellement été ignorés que pour la première fois depuis 2010, les responsables de Freeform ont jeté l’éponge et ne sont pas allés à ce teknival car ils en avaient anticipé les conséquences funestes.
Mais pourtant rien n’a été fait pour empêcher le drame selon eux. Aucune réunion interministérielle, aucun plan d’urgence, aucune tentative de contact avec les collectifs techno qui sont pourtant si facile à joindre. Les seules dispositions ont été des mesures sécuritaires. Les préfets ont rivalisé d’arrêtés interdisant la manifestation et mobilisé plus de 350 gendarmes pour tenter d’empêcher ce teknival, tout en sachant très bien que personne n’a jamais réussi à empêcher un teknival. 350 gendarmes et 30 secouristes. Ces chiffres sonnent pour eux comme le bilan fatal d’un gouvernement sourd aux revendications de sa jeunesse. 5 ans que le gouvernement laisse pourrir le dossier free party, 2 ans que les teknivals sont redevenus illégaux à force de mépris et de répression. L'association porte donc la responsabilité du décès sur les épaules du ministère de l'intérieur à travers un communiqué au vitriol. Reste à voir les suites qui seront données à celui-ci. Les premiers signes sont encourageant car même si le lien ne semble pas certains, le dispositif de secours a été ajusté avec plus de plongeurs et un troisième poste médical avancé mis en place en fin de journée dimanche.
Le tout alors que les départs commencent en ce lundi 1er mai. Les contrôles des forces de l'ordre semblent nombreux eux aussi avec plus de 60 contrôles de stupéfiants positifs à midi lundi. Enfin le site semble avoir souffert de l'arrivée continue de raveurs samedi soir et dimanche avec beaucoup plus de déchets que la veille selon des participants même si aux vus des photos le site reste propre. Pour la maire adjointe de Pernay "Il n'y a pas eu d'incidents dans le village. Les jeunes sont polis. On leur conseille de se reposer avant de reprendre leur voiture". Alors qu'on apprend que le propriétaire du terrain a porté plainte contre X. Sur le site les première façades commencent à démonté pour le plus grand plaisir des communes alentours qui ont particulièrement souffert cette nuit du fait d'un vent défavorable. A 11h ce matin le site encore était plutôt propre avec encore beaucoup de monde sur place. Après une coupure son pour le nettoyage du site cette après-midi, seul 3 sons semblent avoir repris pour cette dernière nuit sur site. Les départs pour leur part se sont largement intensifiés dans le courant de la journée. On apprend également via Freeform qu'un deal semble avoir été passé entre les autorités et les sound system : si le site au départ des sound est propre ceux-ci éviterons la saisie. Réponse dans l'après-midi, mais on apprend en fin de soirée lundi que 5 bennes seront mises à disposition par la mairie de Pernay dès demain 8h.
Mardi matin on apprend avec une immense tristesse qu'un grave accident de la route s'est produit dimanche vers 18h30, à hauteur de Montboissier, entre Chartres et Châteaudun (Eure-et-Loir), faisant quatre morts et quatre blessés graves. Une voiture transportant quatre jeunes âgés de 19 et 20 ans, et qui selon la gendarmerie rentraient du teknival, se serait déportée sur la gauche en pleine ligne droite, percutant de front le véhicule arrivant en sens inverse. Les deux couples de sexagénaires qui se trouvaient à bord ont été tués. Ce qui dresse un sinistre bilan de l'évènement même si il est difficile d'imputer l'inconscience du conducteur à l'organisation du Teknival. Pendant ce temps l'heure est au premier bilan, ainsi on apprend que près de 60.000 Teknivaliers cumulés sur les trois jours se sont rassemblés sur le terrain de Pernay et ses alentours, selon la préfecture et les organisateurs. Toujours selon eux, 173 blessés, dont 33 ont été transportés à l'hôpital et cinq dans un état grave en plus du décès. On apprend également que des indemnisations pour les dégâts causés, notamment aux clôtures ou aux cultures, sont prévues d'après les organisateurs.. Enfin deux poids-lourds et le matériel de sonorisation qu'ils transportaient ont été saisis "préventivement" et seront restitués en fonction de l'état dans lequel sera laissé le terrain à la fin de la journée de mardi, a indiqué à l'AFP le sous-préfet de Chinon, Samuel Gesret.
Cette pression semble avoir porté ces fruits puisque les sound system semblent pour la plupart avoir quitté le site sans encombre après avoir nettoyer le site toute la nuit et la journée. Il suffit d'ailleurs de voir les photos du site prises par France bleue pour ce faire un avis. Cela signe la fin de cette édition 2017 du teknival du 1er mai d'or et déjà chiffré à plus de 160.000€ par les services de secours et que la région compte facturé à l'Etat.#Teknival : Quelques photos du site après le départ des participants et sound system ce mardi via @AdeleBossard et @francebleu pic.twitter.com/xvtIVvoDWo
— Bass Expression (@BassExpression) May 2, 2017Comme d'habitude nous vous tiendrons informés au fur et à mesure de l'avancée de ce Teknival, n'hésitez pas à nous faire suivre vos photos, vidéos et à venir visiter régulièrement ce topic.
Source : Produc'sounds, France Bleue, Nouvelle République, Gendarmerie du Loir et Cher, Gendarmerie d'Indre-et Loire, JessyLcs et Merci à Val Mac