un petit article bien snob et marrant en même temps, bien 2ème degré
Issu des pages "style" du Monde magazine
http://mobile.lemonde.fr/style/article/ … 75563.html
Si le grand retour de la tendance militaire fait l'objet, toutes les deux semaines environ, de papiers enflammés dans la presse magazine, une pièce apparaît étonnamment absente de ce genre de bulletins. De fait, le treillis ne semble pas susciter la moindre émotion dans les rédactions, alors même qu'il est un pilier dans le vestiaire de nombreux hommes bien équipés, voire lourdement armés. Caractérisé par ses deux grandes poches plaquées au-dessus des genoux, le treillis offre en effet la possibilité de transporter sans mal de nombreux biens. C'est ainsi que les soldats de l'armée anglaise, à l'origine de son invention, avaient pris l'habitude, lors de la seconde guerre mondiale, d'y enfourner leur radio, leur rab de munitions et même, selon une information non vérifiée, de succulents sandwiches œuf-tomates-bacon, semblables à ceux que l'on trouve aujourd'hui chez Marks & Spencer.
De nos jours, si le treillis a intégré les garde-robes usuelles, sa vocation n'a pas changé et il a continué d'évoluer dans un environnement conflictuel et belliqueux. Concrètement, les punks à chien, les "traveleurs" et les adeptes des free parties aiment ranger dans les poches de leur treillis les clés de leur J5 transportant souvent un sound system illégal. Ils ont également l'habitude d'y fourrer le matériel nécessaire à la confection de ce qu'il est convenu d'appeler des "bédos". A double titre, le treillis se révèle donc l'instrument d'un affrontement assumé contre les lois de la République (rappelons ici que l'organisation de fêtes en plein air sans accord préfectoral est illégale, tout comme la consommation de cannabis).
INSTINCT DE SURVIE
Dénommé "cargo pants" ou "combat pants" par les Anglo-Saxons, le treillis demeure ainsi, en dépit des nombreuses réinterprétations qu'en ont données des marques de mode aussi diverses que Gap ou Brunello Cucinelli, un vêtement chargé d'une violence latente. A l'instar de l'adepte du casque à pointe ou de l'aficionado des rangers, l'amateur de treillis est ainsi susceptible de déraper à tout moment et doit donc faire l'objet d'une surveillance permanente. Le souvenir de la tuerie de Columbine, perpétrée par deux adolescents vêtus d'un treillis noir, doit même nous inciter à considérer que cette attention ne relève pas du principe de précaution mais bel et bien de l'instinct de survie.
Pour peu que l'on souhaite mener une vie sociale ordinaire et échapper aux regards citoyens tout en gardant une silhouette décente, il convient donc de renoncer au port du treillis et de se rabattre sur des pantalons plus pacifiques et, au passage, bien mieux coupés (ce qui n'est pas très difficile). Le recours au jean apparaît ainsi comme une évidence. Surtout si l'on considère qu'un modèle ordinaire possède toujours cinq poches et que, même si celles-ci sont petites, offrent une capacité de stockage non négligeable.
Par Marc beaugé / Le Monde magazine
Dernière modification par fanch sinatra (28-04-13 14:49:48)
Mieux vaut mourir que de ne plus vivre