Rave-parties: les maires craignent pour la sécurité des fêtes.


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Les soirées electro se multiplient et s’installent dans les salles des fêtes, comme ce week-end. Les gendarmes viennent d’inciter les maires à la prudence et la vigilance. Les élus craignent pour la sécurité autour des fêtes.





Finalement, sous un prétexte fallacieux s’est déroulé un rassemblement festif de type free-party", ont noté les gendarmes. C’était il y a une semaine à Échallat. Une soirée anniversaire au départ devenue electro, des gros sons et 300 personnes dans la salle des fêtes de la commune. C’est ce qui a suscité la mise en garde. "Il convient de demeurer vigilant dès lors que la demande émane d’une personne étrangère à la commune."

"Les gendarmes nous ont demandé de le relayer. Nous avons fait suivre le mail, confirme Jean-Michel Bolvin, le maire de Saint-Amant-de-Montmoreau et également président de l’Association des maires de la Charente. Il faut mettre en garde parce que la responsabilité des maires pourrait être engagée."

Par principe, les rave ou free-parties ont vocation à la discrétion. "Mais un maire est officier de police judiciaire. Il est censé savoir tout ce qui se passe, indique Jean-Michel Bolvin, qui se souvient qu’il y a deux mois, un propriétaire de sa commune avait prêté un terrain sans savoir ce qui s’y déroulait. Ça ne s’est pas mal terminé, mais on ne peut jamais être sûr."

À Échallat aussi la secrétaire de mairie a fait l’état des lieux avec les organisateurs et rendu la caution. "Ils avaient tout nettoyé. Mais je n’ai pas aimé me faire avoir", dit-elle, un peu amère. Elle s’est sentie abusée.

Comme la mairie d’Anais. Ce week-end, elle avait loué la salle des fêtes pour un anniversaire. Résultat: 300 personnes au plus fort de la nuit, quelques riverains qui n’ont pas dormi et des gendarmes mobilisés pour la nuit.


"Du outdoor au indoor"



"C’est assez nouveau. On est passé du outdoor au indoor", commente à la gendarmerie le capitaine Bourbon, qui suit le phénomène, notamment sur les réseaux sociaux. "Au-dessous de 500 personnes, il n’y a pas vraiment de réglementation", explique-t-il. Mais le souci, "c’est ce qui se passe autour". "Les conséquences de fêtes souvent alcoolisées avec aussi des stupéfiants. Ce sont des nuisances sonores, des risques sur la route. Les gens viennent parfois de loin."

Véronique Marendat, la maire de Segonzac, se serait bien passée d’un samedi soir en compagnie des teufeurs qui se sont installés dans les bois de sa commune ce dernier week-end. "C’est vrai qu’il y a un risque. Les organisateurs avaient un bon contact, mais ils ne savaient même pas où ils étaient. Comment alerter s’il y avait eu un problème?" La soirée a été stoppée par les gendarmes, gentiment. "Je conçois qu’ils parlent de discrimination, d’a priori. Ils en ont aussi. Mais, dit-elle encore, on ne peut pas laisser se dérouler une fête sans garanties." C’est pour cette raison qu’elle ne louera pas sa salle des fêtes.

À Échallat, les organisateurs, qui plaidaient pour leur sens des responsabilités, qui se disaient "obligés de ruser pour obtenir une salle", ont tout remis en état. La secrétaire de mairie en convient. "Il m’est arrivé d’avoir plus de problèmes derrière d’autres manifestations", confesse-t-elle. Mais elle sait aussi qu’il reste un blocage. "Ils s’amusent d’une façon différente de nous. C’est la crainte de l’inconnu, en fait, de ne pas percevoir les choses de la même façon."

Les maires le disent. "C’est une préoccupation. On en a parlé à la dernière réunion de bureau", confirme Jean-Michel Bolvin. Les gendarmes savent aussi qu’arrivent les beaux jours "propices à ces manifestations". Et que le jeu du chat et de la souris est reparti.



Source : La charente Libre