Tracklist:
CD1
Pas de Panik
Tokyo
Conversation
Breath
Green Bison
Nightcrash
Mutation
Swamp
Rebel 46
Necronom
Ultimatum Part 1
CD2
Ultimatum Part 2
Share My Wings
Spirit of the air
Break Syndrom
Mekanism
Mental Illness
Intrusion
Crossover
Rage
Come down deeper
Label
Bloc 46
Date de sortie
2002
Ou l'acheter:
A peu pres partout
BPM
Who cares?
Bon, je ne vais pas faire original du tout, la j'admet. D'autant qu'ici je ne m'adresse pas du tout a des profanes de la Techno a qui il faudrait faire un cours de rattrapage sur le genre, ses tendances, artistes, sous-genres, etc.
Manu le Malin est probablement une des seules vraies "stars" (ca reste evidemment relatif au vu du niveau de popularite du genre par ici) du Hardcore dans ce beau pays de merde. Au final, j'ai l'impression qu'il est bien l'un des seuls a avoir su vraiment tirer son epingle du jeu avec Radium ou Popof sur la course a l'audience (bien qu'il faille reconnaitre qu'il est nettement moins productif que ces derniers). On arrive a une epoque ou quand je discute hardcore avec des teufeurs, un grand nombre d'entre eux (je veux dire ceux qui ont grosso modo mon age, ce qui est evidemment paradoxal pour quelqu'un qui n'a appris ce qu'etait la Techno qu'a un epoque ou d'autres la declaraient deja morte) ne connaissent ni Laurent Ho ni Liza N Eliaz, ou encore Armaguet Nad. Enfin bref, passons, ceci est une critique d'album, pas un debat sur l'avenir du Hardcore.
A vrai dire si je chronique cet album, c'est parce qu'il est en fait extremement interessant et important pour moi. En fait c'est un peu ma madeleine de Proust en musique. Mon meilleur ami avait un grand frere que nous admirions tous les deux beaucoup: a 16 ans (nous en avions alors 12), il dessinait a la perfection et avait deja une forte pratique de l'infographie (il est depuis devenu graphiste professionnel et concepteur de jeux videos d'avant-garde). Ce type etait feru d'un truc que je ne connaissais pas du tout avant, a savoir la musique electronique (on disait Techno, meme si ca n'en etait pas forcement). On ecoutait Royksopp, General Dub, Laurent Garnier, The Future Sound of London, Photek et des compils de Trance (assez mauvaises, il faut bien le dire, haha),
Jusqu'a cet innocent mercredi apres midi ou, comme d'habitude j'etais alle passer mon temps a jouer a la console chez mon pote, ce dernier me dit: "tiens, ecoutes moi ca". Un quelconque CD grave (qui me fait dire que si internet n'etait pas arrive on aurait tres bien pu faire du "tape trading" mais avec des CDs graves) sur lequel avait ete hativement inscrit: "Manu le Malin - Fighting Spirit CD2" (j'ai decouvert le premier CD plus tard en fait)...
Bim Bam Boum, putain de patate dans la gueule. Grosso Modo, j'ai l'impression que je me suis fait depeculer le cerveau avec ce truc. Pendant longtemps j'ai vraiment ete hypnotise par cet album, qui n'a pourtant peut-etre pas laisse tant de marques que cela dans l'inconscient collectif (compare aux Biomechanik par exemple, ou au premier album de Radium, sorti peu de temps avant, et qui a aussi ete un de mes disques de chevet). Peut etre parce qu'il ne sonne pas si "francais" que ca au final.
Mais il m'a fallu du temps pour le comprendre. Et a la fois pour comprendre le contexte dans lequel il est sorti. Dernier coup d'eclat de l'un des premiers gars a avoir fait du Hardcore ce qu'il est en France (il n'est evidemment pas le seul avec toute cette premiere generation que l'on ne pourra jamais qualifier de Frenchcore, la beauferie chauvine personnifiee en un seul terme), cet album est l'un des derniers trucs qui ont pu montrer que le Hardcore pouvait etre une musique avant tout intelligente, cultivee, pleine de references (putain, je conchie ceux qui ne veulent plus de Hardcore en teuf simplement parce que c'est a la mode de cracher dessus). Un vrai truc, quoi.
Mon truc quand j'allais au college, c'etait juste de mettre ce disque dans mon baladeur, de rouler un joint, d'aller dans les marais qui cernaient la maison de mes parents, et de me laisser transporter a travers ces paysages d'une noirceur terrifiante, d'une beaute malade, empoisonnee.
Y a tous les sous-genres relatifs au Hardcore dans cet album, et je ne les listerais pas ici, ca n'a pas d'interet de toutes facons, pour moi "Fighting Spirit" est avant tout Hardcore, comme un ticket pour un voyage en enfer. Mais pas l'enfer romantique plein de flammes, ici, on est plus chez Dante ou Bosch: c'est grotesque et flippant, glauque et doucereux a la fois. C'est comme si PCP, Goblin, Wu Tang et le Cthulu partousaient dans un ascenceur avec du Tussipax pour seul rafraichissement.
C'est finalement un disque assez triste a entendre en definitive: personnellement j'y vois le debut d'une passion et la fin officielle de mon enfance (pour le meilleur ou pour le pire, haha), mais retrospectivement, j'y vois aussi une sorte de temoignage de la fin du Hardcore francais. Tout du moins, la fin de la premiere vague, celle ou tout etait permis avant que tous les nouveaux producteurs ne decident de faire de la H.....k, du F........e ou encore de la T.......e.
Toujours est il qu'il devrait etre obligatoire pour ceux qui se reconnaissent de ce style musical (je parle de Techno en general, hein, pas juste de Hardcore), bien trop meconnu, c'est une veritable bombe. Un de ces trucs qui est plus cense faire reflechir qu'autre chose.
Bon c'est un peu bavard tout ca, et c'est peut etre un peu egocentrique, mais bon, ca fait longtemps que cet album me torture. Je ne suis pas forcement fan de ce qu'a fait le Malin recemment (bien que je respecte et soutiens totalement la demarche plus techno de The Driver, c'est plutot le cote un peu "People" qu'il se donne qui m'ennuie), mais j'attends toujours avec impatience une eventuelle sortie. Sait on jamais.
Mieux vaut mourir que de ne plus vivre
le monde appartient aux rêveurs qui prennent la peine de réaliser leurs raves