Condamné à 6 000 € pour avoir détruit un champ lors d'une rave party

Le mis en cause qui était absent à l'audience a été jugé par défaut par le juge Luc Dier et le ministère public, le substitut du procureur, Mathias Marchand. Représentée par Me Imane Krimi-Chabab, la victime, Dominique Bec, un agriculteur aveyronnais ayant également des terres en limite du Tarn-et-Garonne, à Jouqueviel (81), confirmait par la voix de son conseil la perte d'un hectare de luzerne lors de ce week-end festif. Ce sont, en effet, près d'un millier de «teufeurs» qui avait débarqué dans la nuit du 8 au 9 juin 2013 sur ce terrain situé en limite du Tarn et du Tarn-et-Garonne, les gendarmes de la communauté de brigades de Valderies, sur place, ne pouvant que constater l'occupation illégale. «Les participants de la soirée ont garé leur véhicule sur la parcelle de terrain appartenant à M. Bec, entraînant la dégradation de son champ, et ont engendré d'importantes nuisances sonores aux riverains» certifiait l'avocate du cabinet Rey-Rossi qui entendait également montrer la mauvaise foi de Simon L.-G.

En effet, ce dernier avait nié lors de ses auditions l'organisation d'une «rave party», soutenant la tenue d'un anniversaire. Un point que l'enquête menée par les gendarmes tarnais avait battu en brèche : six Dj's officiant au cours de cette soirée avec une installation sonore professionnelle sans aucune autorisation du maire de la commune. Revenant sur le fond du litige, Me Krimi-Chabab insistait pour rappeler que le champ endommagé se trouve en zone Natura 2000 et que son client avait un contrat avec la coopérative agricole Unicor (12). «Il a obligation, de ce fait, de préserver durant cinq ans ce champ de luzerne. En cas de non-respect, le représentant de la PAC peut refuser le versement de la prime et remettre en cause les termes du contrat» garantissait l'avocate qui était relayée dans sa plaidoirie par les réquisitions du ministère public. «Dans ce dossier, le mis en cause à montrer un désintérêt total pour la justice» tonnait Mathias Marchand qui réclamait le maximum que lui autorisait le Code pénal dans ce genre d'infraction, soit 1 000 € d'amende. Le président Dier qui suivait ces réquisitions, donnait également à la partie civile 5 000 € de dommages et intérêts au titre des préjudices sur les cultures.

700 teufeurs motivés dans un paisible village de 103 habitants : la rave party non-autorisée n’est pas passée inaperçue ce week-end à Jouqueviel (lire notre édition de lundi). Prévenue samedi vers minuit, la compagnie de gendarmerie d’Albi avait mobilisé 20 militaires. La priorité immédiate, dans la nuit, a été de canaliser le flot de véhicules, près de 300. «Tous ne pouvaient stationner à proximité de l’aire de pique-nique et il fallait éviter de congestionner les départementales 53 et 153. Nous avons donc incité les automobilistes à se garer sur la place du village. Ils avaient 4 kilomètres et demi pour rejoindre le lieu de la fête», indique le chef d’escadron Thierry Damerval. Pas d’accident ou de bagarre à signaler… et le site a été laissé propre comme les organisateurs s’y étaient engagés.

Le dispositif de gendarmerie n’a été levé que dimanche soir vers 19 h 30, quand les derniers teufeurs ont quitté les berges du Viaur. Sur leur route, ils n’ont pu échapper à un des postes de contrôle mis en place par les gendarmes du Tarn ou de l’Aveyron. Bilan : 5 alcoolémies au volant, 3 conduites sous emprise de stupéfiants, 40 infractions diverses au Code de la route (pneus lisses, défaut d’assurance ou de contrôle technique, etc.). Les gendarmes, sur réquisition du procureur de la République d’Albi, ont pu aussi inspecter les coffres de voiture. Grâce au flair du chien de l’équipe cynophile de Castres, ils ont effectué trois saisies de produits stupéfiants (résine de cannabis et herbe séchée) dans de petites quantités. Par ailleurs, une enquête judiciaire a été ouverte à la communauté de brigade de Valdériès. Elle vise l’organisateur de cette rave party qui n’avait pas demandé d’autorisation. Il pourrait être poursuivi pour occupation illégale d’un terrain privé et des infractions relatives aux nuisances sonores.