CORROSIVE
le 24 Octobre 1998

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Plus le temps passe et plus nombreux sont ceux qui préfèrent rester chez eux le samedi soir... Pourtant, ce samedi, tout le monde allait être au rendez-vous. Voilà plusieurs mois que le Corrosive Sound System n'a pas fait le spectacle, ce soir là tout le monde les attends, et malheureusement pas que les teufeurs.

On rejoint le centre parisien. Rapidement, on suit le plan d'accès et quelques minutes plus tard nous voilà devant le hangar avec pour seule bande sonore, les sirènes de police. Devant tout le monde hésite à entrer... On franchit le portail, une petite porte ouverte laisse l'accès difficile. Pour entrer dans le hangar, on passe encore une fois une étroite porte qui nous autorise l'entrer au dance floor...

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Pas grand monde, on est peut être une centaine à l'intérieur et 2 minutes après que nous soyons entrer, le bruit des lacrymaux retenti dans le hangar, c'est la panique et tout le monde se piétine pour sortir. On se retrouver sur la route. Certains teufeurs énervés saisissent divers projectiles afin de repousser les flics qui nous poussaient à l'extérieur matraque à la main. Dans la rue, deux voitures de police traversent la foule à vive allure laissant tout de même le temps aux râveurs de les prendre pour cible.

Quelques instants plus tard c'est au tour de la police de prendre les râveurs pour cible. En ligne les policiers nous chargent... On remonte dans les voitures et direction porte de la Chapelle où un rendez vous c'est organisé. C'est la panique tout est bloqué... on se trace.




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Des policiers briseurs de rave. Ils sont intervenus avant que la fête commence. Témoignages d'une soirée musclée.



Ils sont une dizaine réunis dans l'appartement HLM des parents de

Julien (1), 20 ans, fraiseur. Il y a là Renaud, 23 ans, maçon, Marie, 18 ans, Stéphanie, 19 ans, toutes deux intérimaires, Franck, 18 ans, étudiant en art, et David, 24 ans, bûcheron. Cédric et Cyril arrivent plus tard. Tous sont des «ravers», fervents de ces nuits techno de Seine-et-Marne, en forêt ou dans les champs. Mais le samedi 24 octobre, ces jeunes seine-et-marnais avaient décidé de se rendre dans une rave en Seine-Saint-Denis. «J'avais entendu parler de cette free-party par un flyer distribué pendant la Techno Parade. Elle était organisée par un groupe d'ici. Samedi soir, on a appelé l'infoline (messagerie) pour avoir l'adresse. On est parti à minuit et demi de Moret-sur-Loing.» Entrepôt. Une heure et demie plus tard, le groupe d'une douzaine d'amis arrive dans trois voitures. «Il est presque deux heures», précise Renaud, 23 ans. La rave a lieu dans un entrepôt désaffecté de la zone industrielle de la Molette, au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis). «Nous avons quitté l'avenue de la Victoire, pour prendre l'allée qui conduisait à l'entrepôt, raconte Renaud. Mais nous nous sommes arrêtés là. Une compagnie de CRS bloquaient l'entrée.» Il ne s'agit pas de CRS, mais de policiers en tenue antiémeute, venus de tout le département. Vers minuit, pour des raisons de sécurité, les policiers ont fait évacuer l'entrepôt. Peu après, un groupe de jeunes a cassé du mobilier urbain. Selon la mairie, les dégâts s'élèvent à 200 000 F. Mais les policiers n'ont, semble-t-il, pas réussi à attraper les responsables de la casse.

«Nous l'avons appris après, mais la fête avait déjà mal tourné, des types avaient tout cassé. Nous, nous sommes arrivés après», affirme Julien. Les trois voitures se garent à l'entrée de l'allée. Le groupe s'avance. «On voulait savoir si on pouvait entrer dans l'entrepôt. On est habitués à ce qu'il y ait des flics ou des gendarmes à l'entrée. En général, ça se passe bien. Quand on a été à quinze mètres d'eux, ils nous ont dit de lever les bras,» raconte Renaud. D'autres jeunes arrivent derrière eux. En tout, ils sont une trentaine. «Cassez-vous, y'a plus rien!» aurait lancé un policier. «On n'y croyait pas trop, mais je sentais qu'ils étaient chauds. Nous, les bagarres, c'est pas notre truc. Surtout venir se bastonner dans le 93, ce serait portnawak (n'importe quoi, ndlr).» Renaud et ses amis affirment être alors retournés vers les voitures. «Dix mètres plus loin, quelqu'un a crié: attention, ils chargent! On s'est tous mis à courir», raconte Marie. Mais à ce moment, cinq voitures de police arrivent de l'autre côté. «J'ai vu quelqu'un que je ne connaissais pas jeter un caillou sur une des voitures. Ils ont aussitôt freiné comme dans Starky et sont sortis en courant.» Franck était environ dix mètres derrière: «Tout le monde courait vers les voitures qu'on avait laissées. La voiture de keufs qui avait reçu le caillou a fait une pire marche arrière et s'est mangé un mur.» Marie, Stéphanie et Julien réussissent à monter dans leur voiture. «Ils se sont mis à mettre des coups de rangers dans les portières et des coups de matraque sur le toit, raconte Marie. Ils ont crié: 'Mettez les mains sur le tableau de bord. Les garçons, sortez. J'ai dit aux flics: 'Et moi, j'ai pas le permis, comment je rentre? Ils m'ont dit que j'étais pas arrêtée, que je me débrouille.» Coups de feu. Renaud ne réussit pas à atteindre les voitures. Les policiers lui demandent de se coucher par terre. «Ils m'ont savaté à trois ou quatre. Pendant au moins cinq minutes. Puis un qui avait l'air d'un chef est arrivé et leur a dit d'arrêter, qu'ils allaient me tuer!»

Plusieurs jeunes affirment avoir entendu «au moins trois coups de feu». «J'ai vu une flic blonde, taillée comme un mec, sans seins, dégainer et tirer au pistolet.» Cyril confirme: «La blonde m'a visé au thorax et a tiré deux fois au gomme cogne (pistolet à deux coups tirant de grosses balles en plastique). Je me suis couché , c'est l'Opel derrière moi qui a mangé grave.» Cyril en est sûr: pendant qu'il est couché, un troisième coup est parti. Et il a entendu ­comme d'autres, semble-t-il ­ la «blonde» crier plus tard: «Il faut ramasser les douilles.»

David est resté avec Marie et Stéphanie. «Avec mon copain P., on a pris la voiture et on a cherché les autres. Puis on est allés au commissariat du Blanc-Mesnil, pour avoir des nouvelles de nos copains. Ils nous ont dit qu'ils étaient en garde à vue et qu'il fallait qu'on revienne vers 9 heures.» Ils dorment finalement sur un parking tranquille de La Courneuve. A 8 heures, une patrouille les réveille, fouille la voiture, trouve un joint de cannabis. Les garçons sont embarqués à leur tour. Fouille. Renaud, Julien et Cédric sont au commissariat. «Ils voulaient absolument nous faire dire qu'on avait cassé. Les gifles pleuvaient. Ils tiraient aussi pas mal les cheveux. Il y en a un qui a reçu un coup de menottes dans la figure.» Cédric a fait son service national chez les CRS. «J'ai dit à un OPJ que je voulais un avocat. Il m'a répondu: 'T'es juste là pour une audition. Ça faisait six heures que j'étais là avec les bracelets dans le dos.» Renaud est mis tout nu dans les toilettes, pour la fouille. «Ils se foutaient de moi.» Tous ont eu l'impression que les policiers étaient fiers de leur montrer, à ces Seine-et-Marnais, qu'ils n'auraient jamais dû mettre le pied dans un «département de durs». Renaud se souvient qu'un policier a déclaré: «Quand vous sortirez d'ici, vous ne reviendrez plus jamais dans le 93.» A Franck qui demande s'il ne peut avoir une serpillière pour nettoyer le banc de ciment où il doit dormir, on répond: «T'est dans le 93, y'a pas de serpillière ici!» Julien affirme que plusieurs jeunes «ont craqué». Certains pleuraient. «Les flics, ça les faisait rire, on sentait qu'ils y prenaient du plaisir.» Cyril a été pris avec un joint sur lui. «Du coup, il m'ont relâché, puisqu'ils avaient un motif. Ils m'ont mis une injonction thérapeutique.» La plupart ne ressortiront à l'air libre que le mardi après-midi, plus de soixante heures après avoir été attrapés. Ils ne verront un avocat que dix minutes avant de se retrouver face au tribunal. Leur procès a été reporté au 2 décembre. Renaud, qui avait un canif, est mis en examen pour «port d'arme de sixième catégorie» et «violence à agent»; Julien pour «dégradation de véhicule»; il affirme qu'il a vu un policier mettre un coup de matraque dans la vitre d'une voiture et s'écrier: «Petits cons, regardez ce que vous avez fait!» Franck est mis en examen pour «port d'arme de sixième catégorie» (une gazeuse) et «jet de pierre n'ayant pas entraîné d'ITT». La mère de Julien raconte que, deux jours après être sorti de cette affaire, «il s'est endormi devant la télé avec la télécommande dans les mains. J'ai voulu lui reprendre. Il s'est réveillé brutalement, en se protégeant le visage avec le bras. Cela m'a bouleversée, car un moment, j'avais douté de ce qu'il me disait. C'est ça le plus grave. Les policiers voient tellement le mal partout, qu'ils vous font douter de vos propres enfants.».

(1) Des noms ont été volontairement changés


Source : http://FreeTekno.org, Libération, Free party , flyers , photos et souvenir de teuf

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