Iran - Rêves partis Rave Party - Un oeil sur la planète

Un acte militant dans un pays où l'on ne badine pas avec le respect des lois. Comme le confie une jeune femme, "boire de l'alcool et danser est illégal. C'est très dur d'être heureux pour les filles en Iran."
S'ils sont pris, ils risquent une amende, la prison ou la pendaison. Chaque année, 800 personnes sont pendues pour crime, trafics de drogue ou d'alcool.  Les jeunes se rendent donc dans le désert, sur un lac salé, pour participer à des festivals techno loin des mollahs.

Les 16 et 17 avril 2016, le documentaire Raving Iran était diffusé à l'occasion de Visions du réel, à Nyon. Ce festival international du cinéma constitue la première étape de ce long-métrage réalisé par Susanne Regina Meures.

Cette ancienne photographe suisse a suivi le parcours de deux DJ's de Téhéran, confrontés au manque d'ouverture artistique des autorités de leur pays. Anoosh et Arash en ont marre de devoir se cacher de la police pour jouer de la house. Les deux Iraniens organisent donc une rave en plein désert. De retour dans la capitale, ils se mettent à diffuser leur album illégalement. Anoosh passe alors quelques jours en prison.

Grand succès de ce premier week-end, Raving Iran de Susanne Regina Meures a fait sensation avec ses deux DJ iraniens, Anoosh et Arash – présents lors de la projection et qui mixaient hier soir au Festival – en lutte avec les lois de leur pays pour réaliser leur rêve artistique et festif. Un film évidemment tourné illégalement à Téhéran et dans le désert (où se réfugient parfois les fêtards), qui met en lumière avec beaucoup d’empathie et de courage la condition humaine d’une société scindée, aux élans étouffés par les interdits du pouvoir politique et religieux. Les deux fondus de house attendent toujours de savoir s’ils ont trouvé en la Suisse leur nouvelle maison…

Car oui, le Lethargy Festival de Zurich les invites pour venir jouer en Suisse. Les deux compères foncent. Une fois en Europe, la tentation de rester sur place et de vivre leur passion est forte pour les deux Iraniens.

- L’Iran connaît un regain d’intérêt au cinéma, quelle a été votre motivation?

- Il y a 5-6 ans, j’ai lu trois lignes dans un magazine sur des «techno parties» dans le désert en Iran, pays parmi les plus répressifs. Cela me faisait penser au Burning Man, ce festival américain dans le désert. C’est par Facebook que j’ai commencé mes recherches, ce qui était intéressant parce que ces jeunes postent aussi des images sur leurs comptes.

- Avez-vous pris des risques pour réaliser ce tournage?

- Cela dépend du point de vue. Personnellement, je ne suis pas effrayée par les autorités et je me suis bien préparée pour qu’il n’y ait pas de risques. Le plus difficile a été l’équipement et l’organisation puisque ce film a été tourné illégalement, souvent avec un iPhone. Et sortir le support physique du film a aussi été délicat: j’ai finalement demandé à des étudiants qui partaient en Europe de le ramener, ce qui fait que des bouts se sont retrouvés en Angleterre ou en Allemagne.

- Etes-vous devenue «complice» de la fuite d’Iran des deux DJ pour chercher asile en Suisse?

- Je m’attendais à cette question, mais pas du tout! Ce n’est pas par moi qu’ils ont eu des contacts avec le Festival Lethargy de Zurich – ce n’est pas ma scène, je ne connais personne. Ils l’auraient fait sans moi et auraient d’ailleurs pu partir vers une autre destination, l’Espagne, la Californie.