Teknival 1 er Mai 1998 - Gadouland Tekniboue - Melun (77)
Grâce une nouvelle fois à un nombre de plus en plus important d'archives, nous allons pouvoir revenir sur ce Teknival de Mai 98 qui marqua les mémoires de nombres de Fêtards de l'époque.
En Effet depuis plus de 4 mois déjà, le Sound System UFO prend les choses en mains et prépare le Teknival du 1er mai 1998 en région parisienne. C'est donc de nombreux collectifs et teuffeurs qui se donnent rendez vous aux Ecrennes, non loin de Melun. Là au milieux des Sous Bois et à proximité d'une ligne TGV s'étend un grand champ qui va devenir le cauchemard de tout les participants au fil des heures et participer à former ce célèbre adage "Les pieds dans la boue , la tête dans les étoiles".
C'est donc au milieux des Sound Conspiracy, Spiral Tribe, Furious, Architek, K-Bal et tant d'autres que la pluie transforme petit à petit cet immense champ en pateaugoire pleine de boue à ciel ouvert. Même les anglais qui font preuve de la meilleure organisation: espace couvert, bâches sur le dance-floor, petits plats chauds subissent ce mauvais temps.
Près de 15.000 fêtards font le déplacement durant le week end et découvrent tout en participant à former ce qui deviendra plus tard Gadouland ou Tekniboue. Ils circulent d'un bout à l'autre en trébuchant régulièrement dans les flaques d'eau, chaussures et pantalons maculés de glaise, à la recherche d'un feu de bois ou d'un dancefloor praticable. Les camions s'embourbent, les voitures ne peuvent accéder au site et dans la nuit de dimanche on ne compte plus les feux de camp dressés de ci de là ...
Quoi qu'il en soit l’événement héritera de très bon retour et la plupart des participants en gardera un souvenir impérissable, de ceux qui forgent ces soirées inoubliable laissant leurs empreintes 15 ans plus tard dans la tête de tout les raveurs...
Visite guidée avec John des "Furious".
Un hamac, une gazinière, un réfrigérateur, un coin salon, une table, des fauteuils, le tout posé sur des roues et propulsé par un moteur. John et son groupe, le sound system " Furious " vivent dans un bus entièrement aménagé. Un bus est bien plus confortable que les fourgonnettes de la gendarmerie, tant et si bien que le capitaine Igniatovitch, commandant de la compagnie de Melun, y a installé, avec l'autorisation de son hôte, son P.C..
John est âgé d'une vingtaine d'années. Depuis quatre ans et demi, avec le sourd system " Furious ", il parcourt la France entière et se rend de plus en plus souvent à l'étranger, pour participer à toutes les rave-parties. Il s'informe sur le lieu de ces manifestations grâce à un système de tracts, puis de messages codés diffusés sur Internet ou par certaines radios.
Le Technival, qui se déroule actuellement aux Ecrennes, est bien plus qu'une rave-party. C'est une manifestation qui a lieu environ trois fois par an. Une sorte de festival à la Woodstock qui existe depuis 5 ans.
Jusqu'au dernier moment, le lieu du Technoval a été tenu secret. Il devait se tenir en Normandie. John, qui a vécu toute son adolescence à Bourron-Marlotte, était à Bordeaux lorsqu'il a finalement appris qu'il se déroulait aux Ecrennes. Ni une, ni deux, avec les " Furious " il a remballé tout son matériel sono et pris le volant de son bus.
Mais lorsqu'il est arrivé, les gendarmes lui ont interdit le passage. La plupart des véhicules étaient embourbés, et son bus trop volumineux. Il aurait bloqué le passage aux secours.
Résultat: il s'est garé à côté du barrage et a transporté son matériel à pied. Une solution, qui, finalement, satisfait John, car son bus est sous bonne garde. Le contact s'est d'ailleurs rapidement établi avec les 24 gendarmes qui sont sur le terrain. Pourquoi simplement 24 gendarmes, alors que samedi soir, 15.000 raveurs sont venus de la France entière et même de l'étranger ?
" Notre rôle est de sécuriser les axes routiers et de préserver un accès aux sapeurs-pompiers ", nous explique le capitaine Ignatovitch, qui tente d'entrer en contact avec les organisateurs par l'intermédiaire de John.Les dillérences sont gommées.
Il est minuit. La visite guidée commence. Les bottes en caoutchouc, la veste parka, le sweet flanqué de l'incontournable capuche qui tombe sur le visage sont de mise, pour cette nuit underground. John enfile une longue veste. Il y dissimule une barre de fer. On ne sait jamais. Parmi les 15.000 raveurs, il y a les curieux et les trouble-fête, qui n'adhèrent pas du tout au mouvement, mais qui en profitent pour dealer et casser. Entre le barrage des gendarmes et le Technoval, il y a une distance de 800 mètres à parcourir. Il fait nuit noire. La route départementale 12 est transformée en un véritable no man's land. " Méfiez-vous, ici c'est racaille land ", prévient John. Quelques groupes sont munis de torches. Les autres se dirigent au jugé, et à l'oreille. Des centaines de voitures sont garées en file indienne. Parfois, des appels de phares éblouissent les piétons.
Ça y est. On quitte la terre ferme. Fini le bitume de la D 12. On patauge dans 30 centimètres de gadoue. Les semelles des bottes restent collées dans la boue. On marche comme des zombies, le torse en avant, les jambes écartées pour garder l'équilibre.
Des tentes illuminées, trente sonos qui diffusent des sons différents, des stroboscopes, des lasers, des feux de camps, on a quitté le monde réel. On franchit une autre dimension, où le monde moderne et ses lasers cohabitent avec le monde tribal, et ses feux de camps.
Des milliers de jeunes, et moins jeunes, des étudiants, des chômeurs, et des cadres se retrouvent, tous accoutrés de la même façon, sans signes extérieurs de différence, pour partager le même "rave".
Les pieds enlisés dans le bourbier, comme enchaînés à des boulets, les raveurs semblent reprendre à leur compte le célèbre slogan de mai 68 : "sous les pavés, la plage ". Revu et corrigé version mai 98, cela donne : " sous la boue, la liberté "?
Source : Bass Expression, Touarek, Defcore, La République de Seine-et-Marne et Merci à Dgé pour la 1ère vidéo
Timeline 20 ans de Teknival = > https://www.bassexpression.com/Timeline … nival.html